lundi 30 septembre 2013

L’Etat, pilleur de tombes

Auteur : Charles De Smet
Mise en ligne : 1er octobre 2013


Benjamin Franklin écrivait que "dans ce monde, rien ne peut être considéré comme certain, à l'exception de la mort et des taxes". Des Etats ont été plus loin: ils ont imaginé qu'un citoyen mort était encore plus facile à dépouiller qu'un citoyen en vie. Ils ont donc appliqué au moment du décès de chacun ce que l'administration appelle du doux nom de "droits de succession" et qui n'est en réalité qu'une taxe de mort, une "death tax", pour utiliser une expression américaine certes moins poétique mais beaucoup plus conforme à la réalité: un vol par l'administration, et pour son seul profit.

Rien n'est plus facile, puisque celui qui fixe les règles est aussi le bénéficiaire direct de ces règles. C'est ainsi que la mafia wallonne avait profité d'une "régionalisation" de la taxe de mort pour s'octroyer, dans certains cas, 90% des biens d'un défunt. Sous un fumeux prétexte hérité du complexe de "Robin des Bois" (voler les riches n'est pas vraiment voler), ce taux confiscatoire s'appliquait aux "gros" héritages, c'est-à-dire dès .... 175.000 euros, soit à peine la valeur d'un appartement. Ce taux s'appliquait lorsque l'héritier n'avait pas de lien "direct" avec le défunt, une discrimination de plus dans l'appareil spoliateur de l'association de malfaiteurs qu'est devenue l'Union des Régions Socialistes de Wallonie (l'U.R.S.W.) C'est donc cette organisation criminelle qui fixait les taux, et qui était ainsi seule à "succéder" au défunt.

Dans une optique libérale, cette taxe sur la mort pose une question pratique et trois questions morales.

La question pratique porte sur la capacité - ou plutôt l'incapacité - de toute administration publique (composée par définition de fonctionnaires inamovibles, donc irresponsables) de gérer les biens du défunt plus efficacement que les héritiers désignés par lui. Les biens ainsi dérobés par les fonctionnaires sont immédiatement affectés à l'entretien de l'appareil d'Etat, donc d'eux-mêmes.

Lors de l'une des nombreuses "régionalisations" en Belgique, on a vu le "ministre" du budget wallon de l'époque, l'œnophile Michel Daerden, pérorer à la télévision en se gaussant du pactole qu'il confisquait au profit de ses complices, lors de l'une des successions les plus importantes de l'époque, portant sur la propriété d'une entreprise estimée à cent millions d'euros. Le défunt avait eu la mauvaise idée de ne pas produire d'héritiers "directs"... Daerden se léchait littéralement les babines à l'idée d'empocher, sans aucun effort, 90 millions d'euros qui iraient enfler la gabegie wallonne.

Bien entendu, la société en question a aujourd'hui disparu. L'U.R.S.W. est encore moins capable de gérer une société que d'administrer ... un Etat!

Ce taux de 90% ressemblant plus à une spoliation pure et simple qu'à une taxation, l'héritier, s'estimant grugé, et n'ayant plus grand chose à perdre, entama un marathon judiciaire. Au bout de longues arguties (l'Etat spoliateur étant lui-même juge et partie!), le "Conseil d'État" (aujourd'hui retoqué "Conseil Constitutionnel") déclarait, dans une décision clôturant la dispute en 2005, que le taux de 90% volé par la Région wallonne était effectivement "disproportionné". Par contre, ce même Conseil d'État jugeait que 80% était "proportionné", mais sans prendre la peine de justifier sa décision. Le Conseil n'est d'ailleurs pas à court d'euphémismes, parlant de "confiscation", au lieu de "spoliation", pour ce qui est le taux le plus élevé d'Europe.

Un cambrioleur qui s'emparerait de 80% de vos biens est donc légitimé. Par contre, s'il a l'audace de vous voler 90%, son crime devient "disproportionné". C'est donc la première question morale qui se pose: une administration peut-elle déclarer elle-même "légitime" une "proportion" de son propre vol?

La deuxième question morale porte sur le droit qu'aurait un État de discriminer entre les catégories d'héritiers. C'est ainsi que le vol de 80% lors d'une transmission entre cousins serait "proportionné", tandis que les héritiers "directs" ne pourraient être spoliés "que" de 40%. Notons au passage que, même à ce taux, les ayant-droits seraient contraints de renoncer à un bien immobilier pour payer la "taxe de mort" exigée par l'U.R.S.W. Le but est donc de confisquer progressivement les actifs des citoyens, pour les rendre ensuite dépendants de la "générosité" et de la "sollicitude" des fonctionnaires qui ont phagocyté cette fiction qu'est l' "État".

Enfin, il est permis de se poser la question de savoir de quel droit un État désigne certains héritiers comme "directs" ou "réservataires", interdisant ainsi à quiconque de décider librement de la répartition de ses avoirs après son décès. La plupart des États anglo-saxons ont réussi à réprimer leur désir de supprimer cette liberté fondamentale - la dernière dont dispose un citoyen - et qui est partie intégrante du droit de propriété. Aux Etats-Unis par exemple, chacun reste très logiquement libre de décider de la transmission de ses biens après son décès. Les États victimes de la dictature napoléonienne ne voient par contre dans la mort d'un citoyen que le moyen de s'approprier ce qui n'a pas déjà été taxé de son vivant, à la manière de ces détrousseurs de cadavres qui volaient les bottes des soldats morts sur les champs d'extermination de ce même "empereur" des français.

Une authentique réforme libérale devrait éradiquer ces pratiques sordides, assimilables à celles des pilleurs de tombeaux. Et cette réforme serait fondée sur deux principes, et deux seulement. Le premier serait de rendre à chacun la liberté absolue de disposer de ses biens comme il l'entend. L'État n'aurait qu'un rôle subsidiaire: si le défunt n'a pas exprimé sa volonté, la loi peut définir, par défaut, une "hiérarchie" dans les héritiers. Le second principe serait la suppression pure et simple de la "taxe de mort", quelle que soit la valeur des biens du défunt, et quelle que soit la relation entre le défunt et ses héritiers.

En guise de conclusion, il faut bien admettre qu'un vol déclaré "légal" par le voleur lui-même reste un vol. Le silence de l'Europe sur la prédation des États, dans ce domaine comme dans d'autres, fait de cette Europe la complice des criminels. Il est vrai que la partie "socialiste" de l'Europe rêve du modèle soviétique, où la propriété, et donc la transmission de celle-ci, était interdite, avec les conséquences que l'on a connues. La discussion au sein de l'Europe ne serait d'ailleurs pas entre "prédateurs" et "non-prédateurs", mais entre différents niveaux de prédation.

Si la légitimité de la propriété ne peut être fondée que sur le travail et l'épargne du produit de ce travail, cette légitimité ne s'arrête pas avec le décès du propriétaire. Ce dernier doit rester entièrement libre de transférer à qui bon lui semble le produit de ses efforts. Et, comme toujours, la captation de biens par une bureaucratie n'a jamais eu, nulle part, d'autre résultat que la destruction d'investissements productifs pour les transformer en biens de consommation que s'approprie - et que dilapide - cette même administration. Avec pour résultat l'appauvrissement de tous.

Les fraudeurs, boucs émissaires d’un système moribond

Auteur : Patrick Smets (Parti Libertarien de Belgique)

Mise en ligne : 30 Septembre 2013

Source : La Libre Belgique



Les propagandistes de l’URSS avaient pour habitude d’attribuer aux "fraudeurs", aux "spéculateurs" et aux "saboteurs" les échecs de l’économie planifiée. Plus le marché noir croissait, plus les dignitaires communistes l’accusaient de causer les difficultés du communisme, entraînant une répression féroce de l’appareil totalitaire. En réalité, le développement de cette "économie de l’ombre" révélait à quel point l’économie planifiée est inefficace.

Le commerce, rendu illégal, réapparaissait dans la clandestinité et remplissait la fonction essentielle de toute activité économique : la coopération volontaire en vue de l’amélioration des conditions de vie matérielle de l’être humain.

 Depuis quelques années, la crise de la social-démocratie conduit à un phénomène comparable. Le travail au noir et la fraude fiscale, commodément associés à la spéculation financière, deviennent les boucs émissaires d’une classe politique devenue incapable de financer ses innombrables promesses électorales. Toutes proportions gardées, nous assistons à la même fuite en avant dans la répression à tout-va.

L’action concertée des gouvernements occidentaux en vue de la "lutte contre la fraude fiscale" a abouti à une régression sans précédent des libertés et des principes fondamentaux de l’Etat de droit : fichage des citoyens, accès illimité aux données bancaires, informatisation croissante de données privées et confidentielles, échange automatique de renseignements entre administrations fiscales, abandon de la présomption d’innocence, renversement de la charge de la preuve, obligation de s’auto-incriminer. Au même titre que les crimes contre l’humanité, les infractions fiscales sont devenues pratiquement imprescriptibles, comme si la gravité des uns et des autres avaient quoi que ce soit de comparable.

Dans cette guerre, de nombreux acteurs de la vie économique ont été enrôlés, par le biais des législations anti-blanchiment, comme auxiliaires forcés de l’administration fiscale : banques, notaires, réviseurs d’entreprise, courtiers d’assurance, agents immobiliers, et même les avocats dans certaines circonstances, doivent jouer le rôle infect de délateurs de leurs clients. La pratique du "data mining", dont l’administration des Finances est désormais si fière, n’est guère différente des excès de la NSA qui viennent d’être dénoncés par le libertarien Edward Snowden. Tout citoyen est présumé coupable et se voit "scanné" en permanence à travers des bases de données dont il ignore souvent l’existence. En relisant "1984" d’Orwell, on réalise que la réalité a rattrapé la fiction : Big Brother a établi ses quartiers à la Tour des Finances.

Il est vrai que la fraude et l’évasion fiscales sont pratiquées à grande échelle, et qu’il n’est guère de secteur de l’économie qui y échappe. Du serveur de restaurant au rentier qui crée des trusts dans les paradis fiscaux, de la multinationale qui optimise à grande échelle au médecin qui encaisse du black, du député bénéficiant d’indemnités de frais exonérées d’impôt au journaliste percevant des droits d’auteur faiblement taxés, il semble qu’il y ait fort peu de citoyens qui ne cherchent par tous les moyens, légalement ou illégalement, à échapper à l’impôt.

On peut donner deux explications à ce phénomène. Comme les staliniens d’autrefois, certains incrimineront la nature humaine, fondamentalement mauvaise. Ils proposeront donc de contrôler, réglementer, sanctionner et punir. C’est la vision actuelle de tous les gouvernements occidentaux. Mais on peut aussi proposer une autre explication, et du même coup une autre solution : si personne n’accepte de payer les impôts qu’on lui réclame, et que tout le monde cherche à y échapper, c’est peut-être que dans la réalité, hors des postures politiques et des grands principes censés s’appliquer à tout le monde sauf à soi-même, plus personne ne consent à l’impôt. Et, sans doute, n’y consentons-nous plus car nous voyons qu’il s’est réduit à une machine de prédation économique au service de dépenses injustifiables.

Cessons de nous aveugler. Lorsque les gens tentent massivement de s’affranchir d’un système réglementaire, c’est le système qu’il faut changer, pas les hommes ! Ce n’est pas la fraude fiscale qui rend le système fiscal injuste. Au contraire, c’est l’injustice du système fiscal, l’oppression qu’il produit, qui génèrent et expliquent la fraude fiscale. Sur le plan moral, un travailleur au noir n’est pas un criminel. C’est un individu qui produit des biens ou des services pour ses semblables, qui contribue utilement à l’activité économique, et qui enrichit la société dans son ensemble.

Plutôt que de nous enfermer dans une spirale du contrôle et de la répression, nous pensons qu’il faut réduire la taille de l’Etat et baisser considérablement les charges fiscales et sociales, en supprimant, notamment, l’impôt sur les revenus. Nous rêvons de libérer la formidable énergie créatrice du génie humain. Nous rêvons de permettre à chacun de se déployer sans entraves et de participer utilement à la coopération humaine et aux échanges commerciaux. Nous rêvons d’enfin laisser la population produire des richesses à plein régime et, par là même, combattre la pauvreté.

Source : http://www.lalibre.be/debats/opinions/les-fraudeurs-boucs-emissaires-d-un-systeme-moribond-524522d43570bed7db9ecc59


vendredi 27 septembre 2013

Le protectionnisme est une philosophie de guerre

Auteur : Ludwig von Mises (1881-1973)

Source: extrait du chapitre 24 de L'action Humaine (Édition française : Presses Universitaires de France – traduction française par Raoul Audouin). Via ww.contrepoints.org  

Mise en ligne : 27 septembre 2013

Les guerres de notre époque ne sont pas en contradiction avec les doctrines populaires en fait d'économie ; elles sont, au contraire, le résultat inévitable d'une application logique de ces doctrines. Aussi longtemps que les peuples s'accrochent au dogme de Montaigne et croient qu'ils ne peuvent prospérer économiquement qu'aux dépens d'autres nations, la paix ne sera jamais qu'une période de préparation à la guerre suivante.



Les conflits de notre époque

 

L'opinion populaire voit la source des conflits qui provoquent les guerres civiles et les guerres internationales de notre époque, dans la collision des intérêts « économiques » inhérente à l'économie de marché. La guerre civile est la rébellion des masses « exploitées » contre les classes « exploiteuses ». La guerre étrangère est la révolte des pays « non possédants » contre les pays qui se sont approprié une part injuste des ressources naturelles de la terre, et qui, avec une avidité insatiable, entendent rafler encore davantage de cette richesse destinée au bien de tous. Celui qui, devant de tels faits, parle d'harmonie des intérêts bien compris, est soit un débile mental, soit un infâme apologiste d'un ordre social manifestement injuste. Aucun homme intelligent et honnête ne devrait manquer de savoir qu'il existe actuellement d'insurmontables conflits d'intérêts matériels, qui ne peuvent être réglés que par le recours aux armes.

 

Il est certainement vrai que notre époque est pleine de conflits qui engendrent la guerre. Seulement, ces conflits ne découlent pas du fonctionnement d'une économie de marché non entravée. Admettons même que l'on puisse les qualifier de conflits économiques parce qu'ils se rapportent à ce domaine de la vie humaine que l'on appelle, dans le langage courant, les activités économiques. Mais c'est se tromper lourdement que de déduire de cette appellation que la source des conflits en question réside dans les situations qui s'établissent dans le cadre d'une société de marché. Ce n'est pas le capitalisme qui les produit, mais précisément les mesures anticapitalistes conçues pour mettre en échec le fonctionnement du capitalisme. Les conflits sont le résultat des diverses immixtions gouvernementales dans l'activité économique, des barrières au commerce et à la circulation des personnes, de la discrimination à l'encontre de la main-d'œuvre étrangère, des produits étrangers et du capital étranger.

 

Aucun de ces conflits ne se serait produit dans une économie de marché non entravée. Imaginez un monde où chacun serait libre de vivre et de travailler comme employeur ou employé, là où il voudrait et de la manière qu'il choisirait ; et demandez-vous quel conflit de pareille nature pourrait encore exister. Imaginez un monde où le principe de la propriété privée des moyens de production serait pleinement observé, dans lequel il n'y aurait aucune institution empêchant la mobilité du capital, de la main-d'œuvre et des marchandises, dans lequel les lois, les tribunaux, les fonctionnaires n'exerceraient de discrimination envers aucun individu ou groupe d'individus, qu'il s'agisse de nationaux ou d'étrangers. Imaginez un état de choses où les gouvernements ne s'occuperaient que de protéger la vie, la santé et la propriété des personnes contre les agressions violentes ou frauduleuses. Dans un tel monde, les frontières sont dessinées sur les cartes, mais elles n'empêchent personne de rechercher ce qui lui paraît devoir le rendre plus prospère. Nul individu n'est alors intéressé à l'expansion du territoire national, nul ne peut tirer un avantage d'un tel agrandissement. La conquête ne paie pas, et la guerre devient périmée.

 

Dans les temps antérieurs à l'apparition du libéralisme et à l'évolution du capitalisme moderne, la plupart des gens consommaient seulement ce qui pouvait être produit à partir des matériaux bruts disponibles dans leurs environs. Le développement de la division internationale du travail a radicalement transformé cette situation. La nourriture et les matières premières importées de pays éloignés sont autant d'articles consommés en masse. Les pays européens les plus avancés ne pourraient se passer de ces importations qu'au prix d'un abaissement considérable de leur niveau de vie. Ils sont forcés de payer ce dont ils ont grand besoin — minerais, bois, pétrole, céréales, matières grasses, café, thé, cacao, fruits, laine, coton —par l'exportation d'objets manufacturés dont la plupart sont fabriqués à partir de matières premières importées. Leurs intérêts vitaux sont lésés par les politiques commerciales protectionnistes des pays qui produisent ces ressources primaires.

 

Il y a deux cents ans, les Suédois ou les Suisses n'étaient guère concernés par la façon efficace ou non dont tel pays non européen mettait en valeur ses ressources naturelles. Mais aujourd'hui, lorsqu'un pays étranger est économiquement arriéré, alors qu'il est doté de ressources naturelles abondantes, cela est contraire aux intérêts de tous les hommes dont le niveau de vie pourrait être relevé si, dans ce pays, de meilleures méthodes d'utilisation de sa richesse naturelle se trouvaient mises en œuvre. Le principe de la souveraineté illimitée de chaque nation, en un monde où les gouvernements s'immiscent dans la vie économique, est un défi à toutes les autres nations. Le conflit entre possédants et non-possédants est un conflit réel. Mais il ne se produit que dans un monde où chaque gouvernement indépendant est libre de porter atteinte aux intérêts de tous les peuples — y compris le sien — en privant les consommateurs des avantages que leur donnerait une meilleure façon d'exploiter les ressources de son pays. Ce n'est pas la souveraineté nationale en elle-même qui engendre la guerre, c'est la souveraineté de gouvernements qui ne sont pas entièrement acquis aux principes de l'économie de marché.

 

Le libéralisme n'a pas fondé et ne fonde pas ses espoirs sur l'abolition de la souveraineté des divers gouvernements nationaux, une aventure qui entraînerait des guerres interminables. Il vise à une reconnaissance générale de l'idée de liberté économique. Si tous les peuples deviennent libéraux et se rendent compte que la liberté économique sert leurs propres intérêts du mieux qu'il est possible, la souveraineté nationale ne provoquera plus de conflits et de guerres. Ce qui est nécessaire pour rendre la paix durable, ce ne sont ni des traités et conventions internationales, ni des tribunaux et organisations internationales comme la défunte Société des Nations ou sa suivante les Nations Unies. Si le principe de l'économie de marché est accepté universellement, de tels artifices sont inutiles ; et s'il n'est pas accepté, ils sont sans effet. La paix durable ne peut être le fruit que d'un changement dans les idéologies. Aussi longtemps que les peuples s'accrochent au dogme de Montaigne et croient qu'ils ne peuvent prospérer économiquement qu'aux dépens d'autres nations, la paix ne sera jamais qu'une période de préparation à la guerre suivante.

 

Le nationalisme économique est incompatible avec une paix durable. Pourtant le nationalisme économique est inévitable là où le gouvernement intervient dans la vie des affaires. Le protectionnisme est indispensable, là où il n'y a pas de commerce intérieur libre. Là où le gouvernement intervient dans la vie économique, la liberté du commerce même à court terme ferait échouer tous les efforts que représentent les diverses mesures d'intervention.

 

C'est une illusion de croire qu'une nation tolérerait longtemps les mesures d'autres nations qui léseraient les intérêts vitaux de ses propres citoyens. Supposons que les Nations Unies aient été fondées en l'an 1600 et que les tribus indiennes d'Amérique du Nord aient été admises comme membres de cette organisation. Alors la souveraineté des Indiens eut été reconnue comme inviolable. On leur aurait donné le droit d'interdire à tout étranger d'entrer sur leur territoire et d'exploiter ses riches ressources naturelles, qu'eux-mêmes ne savaient comment utiliser. Quelqu'un croit-il vraiment qu'une quelconque convention ou charte internationale aurait empêché les Européens d'envahir ces contrées ?

 

Bien des gisements les plus riches de diverses substances minérales sont situés dans des régions dont les habitants sont trop ignorants, trop inertes, ou trop bornés pour tirer avantage des richesses que la nature a mises à leur disposition. Si les gouvernements de ces pays empêchent les étrangers d'exploiter ces gisements, ou si leur façon de conduire les affaires publiques est si arbitraire qu'aucun investissement étranger ne soit en sécurité, un dommage grave est infligé à tous ces peuples étrangers dont le bien-être matériel pourrait être amélioré par une utilisation plus adéquate des gisements en question. Il n'importe pas que ces mesures gouvernementales soient la conséquence d'un retard culturel général, ou de l'adoption des idées maintenant à la mode, d'interventionnisme et de nationalisme économique. Le résultat est le même dans l'un et l'autre cas.

 

Il est vain de se boucher les yeux devant ces conflits et d'espérer qu'ils se résoudront d'eux-mêmes. Ce qui est nécessaire pour une paix durable comporte un changement d'idéologies. Ce qui engendre la guerre est la philosophie économique presque universellement adoptée par les gouvernements et les partis politiques. Selon cette façon de voir, il règne au sein d'une économie de marché sans entraves des conflits insurmontables entre les intérêts des diverses nations. La liberté du commerce nuit à la nation ; elle provoque son appauvrissement. Il est du devoir du gouvernement de prévenir les maux du libre-échange au moyen de barrières douanières. Nous pouvons, pour la clarté de la discussion, négliger le fait que le protectionnisme lèse aussi les intérêts de la nation qui y recourt. Mais il ne peut y avoir de doute que le protectionnisme tend à nuire aux intérêts des étrangers, et leur nuit en effet. C'est une illusion de croire que ceux qui sont lésés toléreront le protectionnisme des autres pays, s'ils pensent être assez forts pour balayer les obstacles par le recours aux armes. La philosophie protectionniste est une philosophie de guerre. Les guerres de notre époque ne sont pas en contradiction avec les doctrines populaires en fait d'économie ; elles sont, au contraire, le résultat inévitable d'une application logique de ces doctrines.

 

La Société des Nations n'a pas échoué du fait que son organisation aurait été trop faible. Elle a fait faillite parce qu'il lui manquait l'esprit du libéralisme authentique. C'était une entente entre des gouvernements animés par l'esprit du nationalisme économique et entièrement voués aux principes de la guerre économique. Pendant que les délégués se complaisaient à tenir des discours sur la bonne volonté entre peuples, les gouvernements qu'ils représentaient infligeaient des dommages abondants à toutes les autres nations. Les deux décennies pendant lesquelles la Société des Nations a fonctionné ont été marquées par la guerre économique la plus résolue menée par chaque nation contre toutes les autres. Le protectionnisme douanier des années antérieures à 1914 était modéré, en vérité, en comparaison de celui qui s'est développé dans les années vingt et trente — à savoir les embargos, le contrôle quantitatif du commerce, le contrôle des changes, la dévaluation monétaire, etc.

 

L'avenir probable des Nations Unies n'est pas meilleur, mais pire. Chaque nation considère les importations, spécialement celles de biens manufacturés, comme autant de désastres. C'est le but avoué de presque tous les pays que de refuser autant que possible aux marchandises étrangères l'accès de leur marché intérieur. Presque toutes les nations se battent contre le spectre d'une balance du commerce défavorable. Elles ne désirent pas coopérer ; elles veulent se protéger elles-mêmes contre les prétendus dangers de la coopération.


Lien vers le livre en téléchargement légal et gratuit: http://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2011/01/Laction-humaine-Ludwig-von-Mises.pdf 



mercredi 25 septembre 2013

La relance monétaire creuse les inégalités

Auteur : Vladimir Vodarevski  
Mise en ligne : 25 septembre 2013

Une étude empirique montre un lien entre l'expansionnisme monétaire d'une part, et la crise et la montée des inégalités d'autre part.



Les médias ont parlé cette semaine du creusement des inégalités aux États-Unis. Jamais, aussi loin que remontent les statistiques (1917), les 10% les plus aisés n'auraient gagné une part aussi importante des revenus du pays, la moitié, selon Emmanuel Saez.

Les Echos ont publié sur le sujet un article [1] assez correct, mais qui conclut d'une manière totalement illogique. Un graphique fait un parallèle avec le pic de la bulle boursière des années 1920, en 1928, qui avait vu également une augmentation de la part des plus riches dans le revenu des États-Unis. Les Échos soulignent que la politique de création monétaire de la Fed favorise les plus riches. En effet, celle-ci provoque une inflation sur les marchés financiers, notamment la bourse. Or, ce sont les plus riches qui détiennent des titres financiers (quoiqu'il faudrait comptabiliser les fonds de retraite, et j'ignore si Emmanuel Saez a retraité ses chiffres pour en tenir compte). D'où, mécaniquement, une augmentation des gains des plus riches. Le même phénomène s'était produit dans les années 1920.

Ce parallélisme impose une conclusion : la politique de création monétaire favorise les plus riches. Elle creuse les inégalités. Il faut donc cesser ce type de politique.

D'autant que cette politique a d'autres inconvénients. C'est également une politique monétaire accommodante qui a précédé la crise de 1929, comme aujourd'hui, où la politique de croissance par le crédit, c'est-à-dire la création monétaire, a précédé la crise actuelle. Par contre, l'Europe et les États-Unis ont connu une période de croissance régulière après 1945, dans le contexte des accords de Bretton Woods, qui limitaient la possibilité de création monétaire. Ces accords ont été rendus caducs car les États-Unis ne les ont pas respectés, à la fin des années 1960, et, comme par hasard, une crise économique est arrivée.

Une étude empirique montre donc un lien entre l'expansionnisme monétaire d'une part, et la crise et la montée des inégalités d'autre part.

Mais, de manière surprenante, l'article des Echos conclut en changeant complètement de sujet. Il conclut que ce sont les impôts qui peuvent réduire les inégalités ! Un hors sujet complet, puisque le corps de l'article indique que la cause des inégalités est la politique monétaire. Il faut donc cesser la politique monétaire expansionniste. Que viennent faire les impôts là-dedans ?

En fait, l'article des Echos, comme il l'indique, reprend une note publiée par Emmanuel Saez. La marotte de ce dernier, ce sont les impôts, comme son compère Thomas Pikety [2]. Il utilise un raisonnement simple : les inégalités augmentent, ce n'est pas moral, il faut faire jouer l'interventionnisme des politiciens, qui doivent réduire les inégalités en prenant aux plus aisés pour donner aux autres. Sans préciser qui sont "les autres", comme ça tout le monde se sent concerné, car personne ne s'estime aisé. L'explication de l'augmentation des revenus des plus aisés dans l'article arrive comme un cheveu sur la soupe, et casse la rhétorique. Elle ne doit pas figurer dans la note de Saez. Sinon, ce serait curieux. Indiquer la cause mais refuser de la traiter...

Liens :



mardi 17 septembre 2013

L'harmonie spontanée des intérêts

Auteur : Grégoire Canlorbe se définit comme un libéral classique, avec des sympathies libertariennes.
Msie en ligne : 17 septembre 2013


La plupart des gens ont une idée négative du marché libre. À leurs yeux, il se caractérise par des rapports de domination, qu'il est indispensable de corriger dans l'intérêt des « faibles ». Les patrons dominent les salariés, qui doivent leur obéir ou renoncer à leur emploi; les producteurs dominent les consommateurs, qui doivent se contenter des prix proposés. Il est nécessaire que l'État intervienne pour équilibrer les rapports marchands et contrer le pouvoir des « forts ».

À cette vue pessimiste répond le principe de l'harmonie spontanée des intérêts, exposé par l'économiste Frédéric Bastiat au XIXème siècle. À savoir que tout échange volontaire est mutuellement avantageux, dans la mesure où il est précisément volontaire.



Dans la langue de Bastiat: « L'équivalence des services résulte de l'échange volontaire et du libre débat qui le précède. En d'autres termes, chaque service jeté dans le milieu social vaut autant que tout autre service auquel il fait équilibre, pourvu que toutes les offres et toutes les demandes aient la liberté de se produire, de se comparer, de se discuter. » (Harmonies Économiques, Chapitre XVII)

En effet, la liberté consiste à ne pas être agressé physiquement en sa personne ni en ses biens. Dans la mesure où vous ne pouvez m'obliger à fournir une prestation ni à céder un bien, vous devez également me proposer une prestation ou un bien, en échange de mes services. En d'autres termes, tant que les individus sont également libres, chacun choisit les offres qu'il soumet et les demandes qu'il exprime: personne n'est contraint de répondre à telle demande ni d'accepter telle offre.

Ce en quoi un « libre débat » est nécessaire pour accorder les intérêts; « libre débat » qui conclura éventuellement sur un échange effectif.

Le marché libre exclut tout échange improductif

Tout service proposé ne va pas inéluctablement être accepté et faire l'objet d'un échange. L'harmonie spontanée des intérêts ne signifie pas du tout qu'un individu est nécessairement amené à obtenir ce qu'il veut de la part des autres. Pour qu'un échange volontaire ait lieu, il faut, en effet, qu'il soit mutuellement avantageux. À savoir que chaque partenaire accorde plus de valeur à ce qu'il reçoit qu'à ce qu'il donne.

Supposons que vous vouliez m'acheter une voiture de collection, à laquelle je tiens; malgré l'argent que vous me proposez, je refuse. Il n'y a pas eu échange. Ce qui n'est pas à interpréter comme une lacune du marché libre, lequel n'a pas vocation à satisfaire tous les désirs mais à favoriser les échanges exclusivement productifs.

En aucun cas, la liberté ne garantit que tout intérêt doit être inéluctablement satisfait. Mais la grande vertu de la liberté, c'est qu'elle incite les individus à définir un terrain d'entente quoiqu'il en coûte, à entraccorder leurs intérêts d'une façon ou d'une autre. Quand la violence est prohibée, les individus n'ont pas d'autre choix que de coopérer et de concilier leurs fins mutuelles. Le marché libre n'est rien qu'un processus dynamique d'amplification et de perfection des échanges volontaires, en sorte qu'ils deviennent toujours plus productifs.

Pour satisfaire au mieux leurs propres intérêts, les entrepreneurs doivent rentrer en concurrence dans l'intérêt des employés et des consommateurs

Le marché libre exclut donc logiquement tout rapport de domination. La coopération volontaire, étant mutuellement avantageuse, ne peut léser aucun acteur.

La concurrence est la conséquence naturelle de cet état de fait. Si vous malmenez vos salariés ou vos clients, vous risquez de les perdre au profit de vos concurrents, qui n'hésiteront pas à les traiter avec plus d'égard. Face à la concurrence, un employeur ou un producteur n'a pas d'autre choix que de satisfaire au mieux les intérêts de ses partenaires.

Cela vaut notamment pour les prix et les salaires. Si un producteur tire ses prix vers le haut en espérant profiter d'un excès de demande par rapport à son offre, un producteur concurrent va venir alimenter l'offre et faire des bénéfices en proposant des prix plus bas. La situation du consommateur s'arrange nécessairement. De même, quand un employeur propose des salaires bas pour profiter d'un surplus de main-d’œuvre, un employeur concurrent va offrir des salaires plus élevés pour attirer les candidats. Là aussi, la situation du salarié s'arrange nécessairement.

Il est donc faux que salariés et consommateurs soient en position de faiblesse dans un marché libre; bien au contraire, la recherche du profit du côté des entrepreneurs fait qu'ils doivent servir au mieux les intérêts de leurs employés et clients. Ils ne les « dominent » en aucune façon.

Il est inutile, voire nuisible d'imposer des contraintes aux entrepreneurs

Toute mesure visant à équilibrer les échanges en privilégiant les acteurs soi-disant « dominés » est au mieux inutile, puisque le marché libre se suffit à lui-même pour mettre les acteurs sur un pied d'égalité.

Mais elle est le plus souvent nuisible, en ce sens qu'elle dégrade la situation de tous: les patrons comme les salariés, les producteurs comme les consommateurs. De telles mesures consistent toujours à restreindre la liberté de contracter des parties, supposément dans l'intérêt de la partie « opprimée ». Quand les restrictions sont trop élevées, l'échange devient simplement impossible. Toutes les parties en pâtissent.

Alors que sur un marché libre, prix et salaires doivent nécessairement entraccorder les intérêts des consommateurs et salariés avec ceux des entrepreneurs, l'intervention de l'État brise ce processus dynamique. Imposer des prix plafonds, c'est condamner un producteur à faire faillite quand il doit vendre ses produits plus chers pour en tirer profit; au final, il renonce à poursuivre sa production et les consommateurs en pâtissent tout autant, puisque les produits ne sont plus en vente. En l'absence de ce contrôle des prix, il aurait pu y avoir un ralentissement plus ou moins accentué de la production pour éviter la pénurie ou une diminution progressive des prix à l'occasion du renforcement de l'offre concurrente. Producteurs et consommateurs auraient accordé leurs intérêts d'une façon ou d'une autre.

Les méfaits du salaire minimum sont tout aussi éloquents. À moins que sa productivité ne soit supérieure au salaire qu'il exige, un individu va difficilement garder son emploi ou trouver un travail. La liberté de contracter fait qu'un candidat même peu productif et son patron peuvent éventuellement trouver un terrain d'entente, si le candidat en question accepte un salaire suffisamment bas. Cependant, s'il leur est interdit de fixer un salaire en dessous d'un certain seuil, ils ne pourront tout simplement pas trouver de terrain d'entente. Mais le salaire minimum, comme toute restriction à la liberté de contracter, joue également en défaveur des entrepreneurs. Les petits employeurs sont, en effet, désavantagés par le fardeau qu'il impose. Il n'est pas étonnant que Wal-Mart ait milité, il y a quelques années de cela, en faveur d'une hausse du salaire minimum aux États-Unis; en imposant ce poids à ses concurrentes plus petites, la firme pouvait se dispenser d'autant plus des contraintes de la concurrence.

Pour la plupart des gens, il est contre-intuitif que le marché libre exclut tout rapport de domination et oblige les entrepreneurs à concilier leurs intérêts avec ceux des salariés et consommateurs. Certes, le principe d'une harmonie spontanée des intérêts, présente à tous les niveaux de l'économie, ne saute pas aux yeux. Cette vérité nécessite seulement un minimum d'attention logique.

Lien vers l’article original : http://www.quebecoislibre.org/12/120915-9.html




jeudi 12 septembre 2013

Taxer la misère

Auteur: Charles De Smet

Mise en ligne: 13 septembre 2013

 

La ritournelle des États-voyous est familière: ils ont besoin de taxer leurs citoyens à des niveaux extrêmement élevés parce qu'ils leur fournissent des "services publics gratuits" qu'ils se vantent parfois même d'être "de qualité". En réalité, ces États-voyous fournissent surtout des fonctionnaires. Et chacun aura remarqué que l'économie et la société "fonctionnent" d'autant moins bien au fur et à mesure qu'ils empilent des "fonctionnaires". Une évidence que soulignait le Fonds Monétaire International:

 

"Au plus un gouvernement est efficace dans l'exécution de ses fonctions, au moins élevé sera nécessairement le niveau des dépenses publiques." [1] 

 


Un niveau élevé de prélèvements est donc un indicateur de l'incompétence et de l'inefficacité d'un gouvernement. Dans ce domaine, il est intéressant de comparer le poids de la fiscalité dans différents États. Une comparaison de la fiscalité des entreprises est peu significative, car, dans ce domaine, les États se livrent une concurrence effrénée, s'imaginant attirer de nouveaux investissements, ou éviter l'exode des entreprises. La fiscalité des revenus des individus est plus révélatrice, car elle touche aux droits fondamentaux des citoyens aux revenus de leur travail, et parce que les citoyens sont moins mobiles, et donc plus corvéables, que les entreprises.

 

En décrivant le système de la “colleganza”, un cadre légal appliqué dans la république de Venise (697-1797) pour permettre le partenariat entre capital et travail (première mention dès 976), un historien soulignait que le rôle du gouvernement vénitien se limitait à la définition des droits et obligations des parties, et à l’administration de la justice permettant d’imposer le respect des règles. Le pouvoir se contentait d’une modeste taxation des entreprises et des profits ainsi financés. Cette frugalité d'un État, économiquement puissant, parce qu'il était resté volontairement dans les limites de son rôle, est incontestablement l’une des raisons de la richesse de Venise, tant celle des gouvernants que celle des gouvernés.

 

“[...] la taxation vénitienne était faible - infinitésimale en comparaison des sommes punitives prélevées par les Byzantins sur leurs propres marchands, ou par la plupart des princes de l’Europe féodale. Ainsi les profits étaient élevés, les motivations étaient considérables, et l’investissement en capital augmentait d’année en année.” [2]

 

Il n'étonnera personne que l'"exception" belge s'inspire plus de Byzance que de Venise, d'ailleurs définitivement supprimée en tant que république indépendante, en mai 1797, par nul autre que Bonaparte, ce grand défenseur d'un État modeste et limité …

 

La Belgique d'aujourd'hui, championne auto-déclarée des droits de l’homme, confisque une part significative des revenus de ses citoyens les plus modestes, afin de subvenir aux énormes besoins de sa gigantesque bureaucratie, aussi tentaculaire que dysfonctionnelle et nuisible. Le tableau compare ce que les citoyens de ce royaume ubuesque sont autorisés à conserver de leurs revenus annuels avec la part que conservent les plus modestes aux États-Unis. La tranche de revenus prise en compte va de 0 à 4000 €, et le taux de prédation est celui qui s'applique aux revenus de 2012, pour un célibataire sans enfants [3]:



Il est atterrant de constater que ce sont précisément les bureaucraties vociférant leurs prétentions à l’égalité, et qui prétendent justifier leur propre existence parasitaire dans leur prétention à imposer par la contrainte cette prétendue égalité, qui confisquent aussi la plus grande partie des revenus les plus modestes. Au niveau de 1.200 euros de revenus mensuels bruts (c’est-à-dire à peine supérieur au niveau de pauvreté aux Etats-Unis), la bureaucratie américaine confisque 10%, mais la kleptocratie belge vole déjà 20% du revenu brut d’un citoyen. En fait, les Etats-Unis, décriés par les politiciens européens pour leur manque de “solidarité”, sont aussi le pays qui taxe le moins les revenus les plus modestes: il est préférable d’être pauvre aux Etats-Unis qu’en Belgique, cette dernière confisquant une part considérable des revenus les plus modestes.

 

Bien entendu, le tableau ci-dessus ne peut tenir compte des multiples distorsions, exemptions, exceptions, déductions, et autres complications inventées par les administrations dans le seul but de justifier leur existence. Certaines de ces perversions peuvent être dissimulées avec beaucoup de talent par ces bureaucraties. Si, en Belgique comme dans d’autres pays, un minimum de revenu est exempté d’impôt, avec le raisonnement que les personnes aux revenus les plus modestes doivent être mises à charge de la société, un stratagème permet à la bureaucratie non pas de déduire ce montant de revenu minimum du total des revenus, mais de déduire le montant des impôts dûs sur ce minimum (c’est-à-dire pas grand chose) du total des impôts exigibles. D’un coup de crayon bureaucratique, tous les citoyens sont donc imposés - abusivement et au mépris de l’équité sociale que l’administration agite sous le nez des redevables - à un niveau de revenu artificiellement rehaussé. Si la première "tranche" imposée à 25% est supposée être de 8.350€ annuels, elle n'est en réalité que de 1.550€!, la prédation étant déjà de 30% dès 700€ mensuels, montant inférieur au niveau de pauvreté!

 

L'extrême injustice de cette perversion dissimulée dans les codes [4] est donc préjudiciable aux revenus les plus modestes. Et la progression est extrêmement rapide: tout ce qui dépasse le montant de 1.000 euros bruts mensuels, pourtant proche de la misère, est confisqué au taux de 40%! La rapacité des bureaucraties est devenue telle qu'elles sont obligées d'aller débusquer leurs victimes parmi les moins favorisés des citoyens, et que même les plus modestes et les plus faibles cherchent légitimement à protéger leurs maigres revenus de leurs prédateurs.

 

NOTES

 

[1]      Victor Tanzi “Fundamental Determinants of Inequality and the Role of Government”, Document de travail du Fonds Monétaire International, WP/98/178, Décembre 1998.

 

[2]      “[...] In these early days Venetian taxation was low - infinitesimal in comparison with the punitive sums levied by the Byzantines on their own merchants, or by most of the princes of feudal Europe. So profits were high, incentives great, and investment capital increased year by year.” John Julius Norwich, “A history of Venice”, Penguin Books, London, 1983 [pages 155-156], traduction personnelle.

 

[3]      Bien entendu, le nombre d’enfants, leur âge, la situation maritale (ou co-habitationnelle...), et une myriade d’autres conditions sont autant d’excuses pour varier les taux, et fouiner dans les détails de la vie privée des citoyens.

 

[4]      Contrairement aux Etats-Unis, où le citoyen complète sa déclaration de revenus en y calculant lui-même les impôts dus (même si ce calcul peut être rectifié par l’administration), la France et la Belgique considèrent leurs citoyens comme des débiles mentaux incapables de calculer le montant des revenus qu’ils auront à abandonner à la férocité et à la goinfrerie des fonctionnaires.

 

mercredi 11 septembre 2013

Libérer l'énergie – la vision de l’UdL

Auteur : UdL  
Mise en ligne : 11 septembre 2013

L'énergie est indispensable à la vie de l'homme, elle est le carburant de toute activité économique, et elle est ce qui permet de se mouvoir. L’UdL pense donc qu'il faut décliner la question énergétique dans ces trois domaines : domestique, économique et transport. En passant en revue les différentes formes d'énergies primaires et finales l’UdL souhaite montrer qu'une politique responsable ne peut pas ignorer les réalités physiques dans chacun de ces 3 domaines car l'énergie est d'abord – et avant tout – une question technique. Elle n'aurait jamais dû devenir politique ou du moins d'abord politique. Jusqu'en 1973 l'énergie était abondante et bon marché et seuls quelques initiés parlaient de cette question car il n'y avait pas de "problème énergie", même si en coulisse la politique internationale gérait l'approvisionnement régulier et bon marché du pétrole. Depuis 1973, à cause des chocs pétroliers d'abord, et ensuite depuis 1992 avec le formatage de la société par la notion de développement durable et sur base du principe de précaution des politiciens ont convaincus que l'énergie était une question "citoyenne" et non pas technique. Le constat affligeant qui se présente à nous à cause de ce choix idéologique et erroné résulte de l'ignorance délibérée des lois de la physique et de la chimie. Des choix rationnels doivent donc être faits sur cette base.


De plus, aujourd'hui, grâce aux modèles informatiques des "études" qui démontrent tout et le contraire sont avancées pour défendre l'une ou l'autre position. L’UdL appelle à la plus grande prudence et préfère faire confiance aux entrepreneurs qui risquent leurs investissements plutôt que de croire naïvement des "études" qui ne sont souvent que des démonstrations fabriquées de positions défendues par les commanditaires de ces soi-disant "études". Qui plus est, les médias toujours friands de sensationnalismes se plaisent à colporter les résultats de ces soi-disant études.

La demande en énergie
Puisque toute activité humaine ne peut absolument pas se faire sans énergie, il est très difficile de réduire la demande globale d'énergie. Toute nouvelle activité va requérir une nouvelle quantité d'énergie. Il ne peut y avoir de croissance sans accroitre la consommation d'énergie, c'est physiquement impossible. Le marasme économique actuel en est une démonstration tangible par l'inverse. Les écologistes l'ont compris et c'est pourquoi ils insistent tant sur la décroissance.

Il est toutefois vrai que la croissance de la demande peut être plus ou moins importante en fonction de l'efficacité énergétique de l'opération. Une société libérale se doit d'être efficace dans tous les domaines, d'éviter les gaspillages. Toute utilisation superflue d'énergie conduit instantanément à une perte d'efficacité macro-économique et partant la notion d'efficacité énergétique doit être au centre des choix de notre parti. L’UdL pense toutefois qu'elle dépend avant tout de l'amélioration de l'efficacité des processus et des appareils. Beaucoup ont utilisé la culpabilisation des citoyens afin de les induire à réduire leur consommation. Le corolaire est liberticide car ils tentent de réduire la liberté des citoyens en les forçant à modifier leurs comportements.

Sur base de cela l’UdL pense que :
-          il ne faut pas imposer d'objectif de limitation de la consommation d'énergie, car ce serait poser une limite à la croissance économique
-          il faut encourager la recherche et l'innovation pour améliorer l'efficacité énergétique
-          il ne faut pas intervenir dans les choix des citoyens ni les culpabiliser;
-          il faut laisser les industriels choisir les énergies qui leur conviennent le mieux;
-          il faut informer sur les mesures d'efficacité énergétique sans manipuler ni culpabiliser.

L'importance de la chaleur
Il suffit de comparer sa propre facture d'électricité avec celle du chauffage pour comprendre que le problème de l'énergie pour les citoyens est avant tout une question de chauffage. La politique énergétique a ignoré cette réalité préférant se focaliser sur des questions plus médiatiques comme le nucléaire ou le photovoltaïque. L’UdL supprimera toute forme d’aide ou de subvention pour l’installation photovoltaïque sur un bâtiment. Le propriétaire pourra procéder à de telles installations sans autorisation préalable mais il en supportera le coût et les conséquences de ses choix.

L’UdL pense aussi que dans les zones rurales il y a lieu de vérifier systématiquement la faisabilité économique de pose de réseau de chaleur, particulièrement dans les nouveaux quartiers. En effet, il existe des techniques communautaires utiles, qui peuvent considérablement faire baisser la facture de chauffage. Citons notamment les systèmes de cogénération, capables de fournir à la fois électricité et chaleur, avec d'excellents rendements. C'est l'occasion également d'explorer l'utilisation de biomasse, dont les déchets urbains. Le choix de la technique doit être laissé au promoteur en fonction de ses calculs de rentabilité économique, le pouvoir local devant pour sa part faciliter l'implantation de telles installations.

Les énergies fossiles, abondantes et compétitives
En une génération une politique irresponsable est parvenue à faire croire à la population belge (et européenne) que les énergies fossiles sont celles du passé. Rien n'est moins vrai. Le pétrole, le gaz naturel et le charbon sont très abondants et leurs découvertes ne cessent de par le monde grâce au progrès technologique et à l'ouverture de nouveaux espaces à la liberté d'entreprendre. Cette nouvelle abondance conduira dans un monde économique ouvert à la concurrence et partant à une diminution des prix des énergies primaires. Notre politique énergétique – à l'instar de tous les autres pays du monde – doit continuer à s'appuyer sur ces énergies abondantes et privilégier les choix économiques pertinents. Par exemple, entre 2000 et 2010 la croissance de la consommation mondiale du charbon a été équivalente à la somme de la croissance de toutes les autres formes d'énergie. Le marché énergétique étant par nature fortement globalisé, on ne peut avoir raison seul.

Il faut donc :
-          cesser de faire croire que les énergies renouvelables vont supplanter les énergies fossiles, elles pourront tout au plus prendre un part de la croissance de la demande. Ce point est primordial car si la population ne comprend pas cette vérité élémentaire et fondamentale elle pourra continuer à être manipulée et être leurrée par des solutions futuristes utopiques.
-          laisser la liberté aux entreprises électriques de choisir le type de centrales qu'elles veulent construire, en particulier en reconnaissant que le charbon est la source d'énergie primaire la plus intéressante économiquement pour la génération d'électricité;
-          le problème numéro un des énergies fossiles est leur émission de polluants atmosphériques (il ne s'agit pas ici du CO2); les directives européennes de limitations de ces polluants sont sévères et de plus en plus contraignantes. La Belgique doit s'y conformer avec la plus grande attention de manière à limiter la pollution atmosphérique;
-          le sous-sol belge n'est pas riche en énergies fossiles, probablement même pas en gaz et/ou en pétrole de roche-mère. Mais il convient d'entreprendre des études géologiques spécifiques pour le confirmer. Au cas où il devrait y en avoir (gaz de schiste et/ou gaz de houille), les réglementations européennes en matière de gestion de l'eau, pollution atmosphérique et utilisation des produits chimiques (REACH) sont en vigueurs et doivent être respectées. Elles sont suffisamment contraignantes pour rassurer la population sur l'innocuité de cette production comme c'est le cas dans un nombre de plus en plus grand de pays.

Les énergies renouvelables
L'homme d'abord, et l'industrie ensuite, ont toujours utilisés les énergies renouvelables parce qu'elles étaient économiques. On n'a pas attendu les conférences de Rio ou de Kyoto pour développer l'hydroélectricité. Mais dans une économie libérale il n'y a pas de place pour l'idolâtrie de l'une ou l'autre énergie. Si elles sont efficaces elles pénètrent le marché tout naturellement. Depuis les chocs pétroliers des années 1970 la Belgique, en suivant l'exemple de l'UE, a soutenu pendant des décennies le développement technologique des énergies renouvelables. Mais du fait que leur surcout par rapport à toutes les autres solutions ne diminue pas (à l'exception de l'hydroélectricité et dans certaines conditions spécifique du bois-chaleur), on a imposé leur production sur base de la notion des couts externes (notion que personne n'est en mesure de maitriser tant elle est complexe et qui permet de justifier n'importe quelle position idéologique). Cette imposition qui date de 2009 a conduit à des surcouts insupportables tant pour la population que pour l'industrie qui doit survivre dans un monde compétitif.

Les subventions aux énergies renouvelables ne sont pas durables. Dans une économie libérale on ne contraint pas l'entreprise ni l'individu à faire des choix contraire à l'économie de marché (en dehors des questions sociales). Nous avons suffisamment de recul depuis les années 80 et depuis l'imposition de production de 20% d'énergies renouvelables de l'UE que la Belgique a contribué à faire adopter, pour voir de manière tangible que cette solution est intenable. L’UdL plaide pour que l'on mette fin à toute obligation de production d'énergie quelle qu'elle soit et partant à tout subside à quelque forme d'énergie que ce soit. La seule exception doit être le soutien à une première installation de démonstration de la faisabilité technico-économique de projets innovants selon le modèle de financement de la recherche ci-dessous.

L’UdL propose au contraire de financer la recherche de nouvelles filières d'énergies renouvelables, toutes celles utilisées actuellement datant des années 70, et ce via les réseaux universitaires, leurs laboratoires de recherche. L’accent sera également mis sur l’entrepreneuriat via l’encouragement au lancement de spin-offs (ex : IBA à Louvain-la-Neuve). C'est au niveau de la recherche fondamentale qu'il faut placer le curseur de l'effort. Le solaire tel que l'on s'évertue à démontrer sera très probablement dépassé par des filières où grâce à la génétique le soleil sera concentré dans des plantes à créer (ceci n'est qu'un exemple pour illustrer le potentiel). L’UdL est en faveur de la recherche fondamentale qui permet des ruptures; l’UdL est consciente qu'il s'agit de recherche sur le long terme et que partant la politique ne doit pas établir des choix délibérés.

Le nucléaire
L'Union Européenne a réussi son intégration en commençant par le charbon et le nucléaire civil. Aujourd'hui l'idéologie verte est parvenue à faire de ces énergies des éléments de division profonde de la société. Nous restons convaincus que le nucléaire doit avoir sa place dans un portefeuille énergétique équilibré à la fois pour des raisons géopolitiques (sécurité d'approvisionnement) et économique (une production d'électricité bon marché). Contrairement à ce qu'essaient de faire croire des slogans simplistes, l'énergie nucléaire n'en est qu'à ses débuts dans le potentiel de développement qui est énorme. Des filières nouvelles (troisième, quatrième, sous-marine, modulaires, thorium, etc.) sont en préparation et la recherche se poursuit dans les meilleurs laboratoires du monde. C'est pourquoi l’UdL veut:
-          mettre fin à l'image négative injustifiée qui grève sur l'énergie nucléaire dans son ensemble;
-          autoriser la poursuite de l'utilisation des centrales existantes si les entreprises propriétaires estiment que les travaux nécessaires à l'extension de leur durée de vie et pour l'amélioration de la sécurité maintiendront l'économie de la production;
-          renforcer l'autonomie et la transparence de l'agence de sécurité nucléaire;
-          plaider pour que des normes européennes en matière de construction et de sécurités soient adoptées pour mettre fin au chacun pour soi et ainsi réduire le prix de revient de l'électricité générée
-          participer à des projets internationaux de R&D pour le développement de nouvelles filières.

Distribution, prix de l'électricité et réseaux intelligents
En décentralisant la génération de l'électricité les couts des réseaux explosent. Ce n'est pas pour rien que les générations précédentes avaient créé des "centrales" électriques. Ces couts supplémentaires ne doivent pas être supportés par tous les consommateurs mais uniquement par ceux qui veulent produire de manière décentralisée ou consommer de l'énergie produite de manière décentralisée. C'est pourquoi il faut introduire un système transparent et juste qui tienne compte de la réalité physique de la production décentralisée et partant des couts qui en découlent. En particulier les nouvelles lignes électriques nécessaires à cette décentralisation de la production et à la gestion aléatoire des énergies renouvelables doivent être supportées exclusivement par leurs promoteurs.

La notion d'intelligence dans ce domaine pour sympathique qu'elle soit, n'est à ce stade et au moins pour le restant de la décennie en cours qu'au niveau de la recherche et de la codification. Partant, si l'on peut penser que la Belgique participe à ces efforts de R&D il ne faut pas que cela soit présenté comme une nouvelle panacée. Enfin, les intercommunales en charge de l’administration et de la distribution seront soit supprimées soit cédées au secteur privé suivant les cas de figure. 

Mobilité
La question énergétique est fortement liée à la mobilité. Améliorer la fluidité du trafic conduit à une forte diminution de la consommation en carburants. C'est pourquoi il est urgent de désenclaver la circulation urbaine et péri-urbaine. Tous les efforts pour favoriser le rail et le transport en public n'ont conduit en négligeant la mise à niveau des infrastructures routières qu'à une croissance de la consommation d'énergie et des pertes de temps énormes qui influencent négativement la macro-économie de notre pays. Le triste record mondial des embouteillages résulte de ce choix idéologique pour mater l'automobile. Il faut donc d'urgence :
·         lancer des programmes d'infrastructures qui permettent au pays d'avoir enfin un réseau routier digne du XXIème siècle, conforme aux besoins actuels de mobilité, en particulier autour de Bruxelles.
·         Introduire l'intelligence dans la gestion du trafic en particulier en milieu urbain pour rendre fluide le trafic
·         Participer via les réseaux universitaires européens à des projets de R&D internationaux qui visent à améliorer la consommation spécifique des automobiles et des véhicules utilitaires.

Pour ce qui est des carburants, il faut réduire la fiscalité étouffante sur les carburants, supprimer les aides fiscales aux biocarburants et l'obligation d'en consommer car ils n'apportent aucune solution au problème de l'énergie ni de l'environnement.

L’UdL plaide pour l'utilisation du gaz naturel comprimé dans le secteur du transport, en particulier pour les véhicules des municipalités et de transport en public; cette solution, directement applicable, est à la fois économique et bien plus propre que toute autre solution. L'utilisation du GNL dans le secteur du transport de marchandises doit également être promus tellement l'abondance de ce gaz va se développer dans le monde dans les années à venir grâce au gaz de roche-mère. Dans tous ces domaines il faut proscrire les aides sous quelques formes que ce soit, ce qui va éliminer de facto les fantaisies des véhicules électriques, qu'ils soient hybrides ou pas.