lundi 25 novembre 2013

Où mène le socialisme. Journal d’un ouvrier – Eugen Richter (1838-1906)

Chaque semaine, Contrario vous recommande un ouvrage tiré de la grande bibliothèque du libéralisme.

Où mène le socialisme. Journal d’un ouvrier – Eugen Richter (1838-1906) - traduction française de 1892 par P. Villard.



Etait-il possible un quart de siècle avant la révolution bolchevique de 1917 de deviner exactement où elle mènerait? Pouvait-on, en lisant les textes arides du programme d'un parti social-démocrate, prévoir et décrire sous forme romanesque, dans les menus détails de la vie quotidienne, les conséquences du socialisme, sa dégénérescence et sa chute?
Il s'avère que c'était possible. Cela a été réalisé en 1891 par le politicien allemand Eugen Richter.

En imaginant dans son récit, que la révolution avait vaincu en Allemagne au début du 20e siècle, il avait prévu avec une perspicacité époustouflante presque tous les charmes du socialisme: bureaucratisation et militarisation de la société, domination du parti, asservissement des travailleurs, surtout des paysans, perte d'intérêt pour le travail, irresponsabilité généralisée, basse qualité des produits, malfaçons et vols aux entreprises, gaspillage, déficits, pénurie, rationnement, marché noir, népotisme, pots-de-vin, crise de logement, émigration de masse, frontières sans issue, presse à un seul journal, délation, dislocation de la famille, assujettissement de la femme, cauchemar des cantines d'Etat, humiliation des consommateurs, et même l'impolitesse des vendeuses, etc.

Tout cela ne sont donc pas des "déformations" du socialisme, nullement des effets des conditions ou défauts russes, mais les plus normales, prévisibles jusqu'aux petits détails, conséquences des principes du socialisme et de lui seul!

Le livre est consultable et téléchargeable gratuitement et légalement au bout du lien suivant : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5525360m.r=.langFR

mercredi 20 novembre 2013

Joseph Stiglitz : un prix Nobel au service de l’idéologie keynésienne

Auteur : Yann Henry
Mise en ligne : 20 novembre 2013

Joseph Stiglitz profite de manière éhontée du prestige lié à son prix pour truster les médias et peser dans le débat public sur des sujets sans rapport avec son expertise.


Friedrich Hayek a obtenu le prix Nobel d’économie en 1974. Lors du discours au banquet de remise des prix Nobel, le 10 décembre de cette même année, il se montra prudent : « je dois confesser que si on m’avait consulté sur la question d’établir un prix Nobel d’économie, je me serais exprimé fermement contre ». Il considérait entre autre « qu’un prix Nobel conférerait à un individu une autorité qu’en économie nul homme ne devrait posséder. »

D’autres prix Nobel n’ont pas la même modestie ni la même retenue. Joseph Stiglitz fut nobélisé en 2001 en compagnie de George Akerlof et Michael Spence pour leurs travaux sur les marchés avec asymétrie d’information. Le moins que l’on puisse écrire est que Stiglitz ne manque pas une occasion de donner son avis, sur des sujets n’ayant au mieux qu’un lointain rapport avec son prix Nobel. Il profite de manière éhontée du prestige lié à son prix pour truster les médias et peser dans le débat public. Cet entretien [1] accordé à La Tribune, dans lequel il exprime des avis tranchés et non argumentés sur une grande variété de sujets, en est une caricature frappante.

Les raisons de la crise actuelle ? Il pointe notamment la régulation financière et la prise de risque excessive de banques toujours « too big to fail » [2]. Quand Stiglitz incrimine la réglementation, il faut bien sûr comprendre que, selon lui, il n’y en a pas assez. Or, comme le démontre Vincent Benard, la régulation financière étatique est condamnée à échouer. Les régulations ne tiennent non seulement pas leurs promesses de stabilisation mais ont en plus de nombreux effets pervers. L’interventionnisme public est à l’origine de la formation de la bulle immobilière. La création de la Fed a débouché sur une instabilité bancaire plus élevée. Les accords de Bâle ont renforcé le risque systémique au lieu de le diminuer. Ils ont en outre incité les banques à acheter massivement de la dette souveraine ou à préférer les prêts immobiliers aux prêts aux entreprises, ce qui les a exposées aux crises des subprimes et de la dette, tout en compliquant le financement de l’économie.

Quant aux banques « too big to fail », pourquoi ne pas les laisser faire faillite ? En considérant qu’au-delà d’une certaine taille les établissements seraient systématiquement sauvés, les autorités n’ont-elles justement pas encouragé les comportements risqués ? Alourdir les réglementations coûte certes très cher aux grandes banques, mais pour les plus petits acteurs ce peut être létal (sans compter le fait que cela constitue une énorme barrière à l’entrée pour de nouveaux concurrents potentiels). Ainsi la banque privée suisse Frey, « financièrement saine », annonçait récemment mettre fin à ses activités. Markus A.Frey, président du conseil d’administration expliquait cette décision par les « conditions de marché de plus en plus difficiles, des règles prudentielles de plus en plus lourdes pour de petits établissements, ainsi qu’à cause du conflit fiscal aux États-Unis » en constatant qu’« au cours des derniers mois […] les coûts se sont tellement aggravés qu’ils ne sont plus supportables pour une petite banque privée. » Le nombre de banques en Suisse a ainsi été divisé par deux (de 625 à 312) ente 1990 et 2011.

Stiglitz poursuit par l’inévitable touche écologique : « l’économie de marché n’a toujours pas pris conscience de l’environnement. Nous consommons plus de ressources naturelles que ce que nous avons. » Nous consommerions donc des ressources que nous n’avons pas. Sans doute sont-elles apportées en soucoupe volante par des extra-terrestres…

Après un classique couplet sur les inégalités (se basant sur des indicateurs largement discutables), Stiglitz délivre son remède pour sortir l’économie européenne de l’ornière. La solution est bien évidemment keynésienne : « il faut des politiques de croissance et non des politiques d’austérité, comme c’est le cas aujourd’hui. » Stiglitz dresse là une classique mais factice opposition entre croissance et austérité, tout en affirmant implicitement que nous sommes actuellement en période d’austérité. Peu importe que le niveau des dépenses publiques atteigne un record (49,9% du PIB en 2012 pour l’Union européenne et 56,8% pour la France). Comme nous l’avons déjà vu, les seuls à supporter l’austérité sont les citoyens et non les États. Stiglitz enfonce le clou avec cette sentence définitive : « aucune économie n’est jamais revenue à la prospérité avec des mesures d’austérité. » On peine à le croire mais le prix Nobel l’a bien écrit : ça n’est jamais arrivé. Évidemment, ces propos ne sont pas passés inaperçus et sont du pain béni pour les partisans du laxisme budgétaire, comme Arnaud Montebourg, qui peuvent désormais citer le prix Nobel avec l’autorité qui y est liée. Joseph Stiglitz n’a sans doute jamais entendu parler de la Suède. Au bord de l’asphyxie financière au début des années 1990, le gouvernement suédois a réduit les dépenses publiques de près de 16 points de pourcentage de PIB entre 1993 et 2000 (la dette publique tombant de 72,5% en 1994 à 53% en 2000), ce qui permit un excédent budgétaire dès 1998 alors qu’il affichait un déficit à deux chiffres en 1993. Cela a-t-il débouché sur une croissance anémique ? Pas du tout : elle a atteint entre 1994 une moyenne de près de 3,5% par an. Plus proche de nous figurent les exemples allemand et lettons qui montrent les succès d’une politique d’austérité. De plus, des études récentes [3] ont démontré qu’il était économiquement plus efficient de jouer sur les baisses de dépenses plutôt que sur les hausses d’impôts pour ramener un budget à l’équilibre. Difficile dans ces conditions d’affirmer que cela n’a jamais réussi.

Outre la fin des politiques d’austérité (dont nous avons vu qu’elles n’avaient pas été mises en place et qu’elles ne s’opposaient pas à la croissance), Stiglitz avance d’autres solutions : les créations d’une union bancaire et des eurobonds.

En quoi consiste l’union bancaire, pour laquelle le Conseil européen vise un accord avant fin 2013 ?

Cette réforme est organisée autour de trois points :
- la centralisation de la supervision bancaire par la Banque centrale européenne (qui devrait se réaliser dès 2014),
- a mise en commun des schémas nationaux de protection des dépôts,
- a création d’un fonds commun pour la résolution des banques en difficulté.

Uniformiser les normes prudentielles interdit aux superviseurs nationaux d’appliquer des règles plus strictes. De plus, cela rajoute un fort risque systémique puisque cela débouchera sur une uniformisation des comportements des banques, ce qui veut dire que quand des erreurs seront commises, elles le seront en même temps. De même, la mutualisation des coûts de renflouement ne va pas dans le sens de la responsabilisation des États membres.

Quant aux eurobonds, ils ne sont pas la solution à la crise. Leur création introduirait, en effet, un nouvel aléa moral qui déresponsabiliserait encore plus les gouvernements. La mise en place de l’euro a permis aux États d’emprunter à des conditions financières très proches (ce qui est aussi l’objectif des eurobonds) jusqu’au deuxième semestre 2008, où elles ont commencé à diverger. Ces eurobonds, qui ont donc déjà existé, n’ont pas empêché le surendettement de plusieurs États. Qui plus est, par les taux d’emprunt très favorables qu’ils ont autorisés, il est même permis de penser qu’ils l’ont favorisé et que les gouvernements en ont profité pour augmenter les dépenses publiques. En déresponsabilisant encore plus les gouvernements et en permettant des comportements de passager clandestin [4], les eurobonds ne feraient donc qu’empirer la situation actuelle.

Stiglitz s’en prend ensuite au libéralisme par le biais de la main invisible : « la main invisible censée réguler le marché est invisible… parce qu’elle n’existe pas. » Il commet là un grand contresens sur la signification de la ‘main invisible’, introduite par Adam Smith dans son ouvrage La Richesse des Nations. Adam Smith signifiait simplement qu’en recherchant leur intérêt personnel, les individus pouvaient contribuer au bien-être commun, sans qu’ils aient eu pour but initial d’y participer. Ainsi, le cordonnier produit des chaussures pour les vendre et avec les bénéfices réalisés subvenir à ses besoins, pas pour l’intérêt de la société, même si celle-ci s’en trouvera mieux. Il n’est donc ici aucunement question de régulation de marché.

Ce concept de ‘main invisible’ fut ensuite repris et approfondi par Hayek sous la dénomination d’ordre spontané défini sur Wikiberal de la manière suivante : « ordre qui émerge spontanément dans un ensemble comme résultat des comportements individuels de ses éléments, sans être imposé par des facteurs extérieurs aux éléments de cet ensemble. » C’est donc tout à fait logiquement que Stiglitz s’en prend ensuite au prix Nobel 1974 : « la vérité est que la vision d’Hayek, qui stipule que le marché fonctionne parfaitement seul et s’autorégule, était fausse. ». Là encore, on voit bien que l’interprétation que fait Stiglitz d’Hayek est complètement erronée. Qui plus est, on peine à discerner par quel raisonnement logique Stiglitz déduit de la défaillance de la réglementation par l’État, une incapacité par le marché à s’autoréguler.

Joseph Stiglitz conclut de manière symptomatique que « Keynes avait totalement raison » et que « ses prévisions expliquant que les dépenses publiques stimuleraient l’économie […] étaient totalement justes. » De plus, les solutions proposées et évoquées dans cet article ne seraient pas plus efficaces que les premières, et aurait là aussi des effets pervers.

De manière générale, Stiglitz est dans le déni de réalité. Il utilise le prestige de son prix Nobel pour se contenter d’étaler sa foi dans le keynésianisme sans présenter le moindre argument. Stiglitz est sans doute la meilleure illustration de ce envers quoi Hayek nous avertissait en disant « qu’un prix Nobel confèrerait à un individu une autorité qu’en économie nul homme ne devrait posséder. »
  
Liens :

[2] Certaines banques ont une taille si importante qu’elles présentent un risque dit systémique, c’est-à-dire que leur faillite entraînerait par effet domino la chute d’autres institutions financières. Ces banques sont dites « too big to fail », « trop grosses pour faire faillite ».

[3] Large Changes in Fiscal Policy: Taxes versus Spending, publié par Alberto F. Alesina et SilviaArdagna. The Right Way to Balance the Budget, publié par Kevin A. Hassett, Andrew G. Biggs et Matthew H. Jensen

[4] Le comportement de passager clandestin consiste ici à bénéficier des avantages de l’union économique sans en respecter les règles de gestion rigoureuse.

Article publié initialement en deux parties sur 24hGold en 2 parties:


Ainsi que sur Contrepoints :

mardi 19 novembre 2013

The Driver – Garet Garrett (1878-1954)

Chaque semaine, Contrario vous recommande un ouvrage tiré de la grande bibliothèque du libéralisme et du capitalisme de laissez-faire. Aujourd’hui, nous faisons la part belle au mouvement libertarien américain en vous conseillant la lecture de « The Driver » du romancier et journaliste américain Garet Garrett (Edward Peter Garrett, 1878-1954).


L’histoire se déroule à la fin du 19e siècle à New York où une vague de chômage frappe durement le pays sur fond de manipulation monétaire par le gouvernement au bord de la faillite, entraînant ainsi des manifestations de socialisme tentant de trouver écho parmi la presse et au sein du gouvernement. Mais Henry M. Galt, financier et spéculateur de haut vol, n’en a cure et s’intéresse particulièrement à une société de chemin de fer en pleine déliquescence. Armé d’un plan ambitieux et d’un élan entrepreneurial surpuissant, Galt - le personnage héroïque qui inspirera Ayn Rand pour son héros dans « Atlas Shrugged » - rachète l’entreprise, en prend la conduite (« I am the driver ! ») et la transforme rapidement en un groupe florissant, non sans éveiller les envies et les rancœurs des castes, lobbies et corporations environnantes.

Une immersion passionnante à l’aube du 20e siècle dans l’Amérique encline à tourner le dos à ses valeurs fondatrices libertariennes et capitalistes au profit du corporatisme et de l’interventionnisme étatique.
     
Le livre est téléchargeable librement et gratuitement au bout de ce lien :

vendredi 8 novembre 2013

For A New Liberty, The Libertarian Manifesto – Murray Rothbard (1926-1995)

Chaque semaine, Contrario vous recommande un livre tiré de la grande bibliothèque du libéralisme : For A New Liberty, The Libertarian Manifesto – Murray Rothbard (1926-1995).


Disciple de Mises et de l’école autrichienne, Murray Rothbard défend une théorie des droits naturels à l’encontre de l’utilitarisme de son maître. Il soutient que le seul État qui pourrait être cohérent avec la morale objective des droits naturels est un État inexistant.

Rothbard défend la thèse que le marché est capable, par l’intermédiaire d’entrepreneurs, de prendre en charge la production de sécurité. Outre que cette pensée crée une réelle rupture avec la justification traditionnelle de l’intervention de l’État, disposant selon la vulgate wéberienne, du « monopole de la violence légitime », Rothbard souligne que le fonctionnement du marché sur ce type de marché ne diffère pas de celui des autres. En cela, il n’existe plus d’espace d’intervention légitime pour l’État.

Il applique également une analyse libertarienne vigoureuse sur un large éventail de questions comme l’éducation ou l’écologie.

Lien vers le livre téléchargeable librement et gratuitement :