jeudi 27 juin 2013

L’Économie Politique en une Leçon - Henri Hazlitt (1894-1993)

Chaque semaine, Contrario a le plaisir de vous recommander une lecture libérale. Il s'agit ici d'un  fantastique ouvrage de vulgarisation de l'économie politique tenant sur 185 pages écrit par Henri Hazlitt sous la correction de Ludwig von Mises et inspiré des Sophismes de Frédéric Bastiat.  Traduction française disponible aux éditions Charles Coquelin.

De la plume de Jorg-Guido Hülsmann: "Le succès de l’Économie politique en une leçon auprès du public fut unanime et retentissant. L’ouvrage fut traduit en une dizaine de langues étrangères, dont le français, en 1949. Le tirage total des quelques dix éditions américaines a dépassé un million d’exemplaires, chiffre qui témoigne de la qualité pédagogique extraordinaire du texte ainsi que de la pérennité de son message. Soixante ans après sa parution, il n’a rien perdu de son actualité, de sa fraîcheur et de sa vigueur. A ce titre il est recommandé en particulier aux étudiants en première ou deuxième année de sciences économiques, aux élèves des lycées et collèges, mais aussi, très généralement, à toute personne qui cherche à comprendre les grands problèmes économiques de notre temps. Et si l’économie politique était passionnante après tout ? Hazlitt en fournit une démonstration."

Source: http://www.editionscharlescoquelin.com/hazlitt-economie-politique.htm
Biographie: http://www.wikiberal.org/wiki/Henry_Hazlitt

lundi 24 juin 2013

Dette publique belge et fin des taux bas : les lendemains qui déchantent.

Auteur : Thib13
Mise en ligne : 25 juin 2013

375 788 177 584,04 EUR (source : www.debtagency.be). Ce chiffre astronomique représente la totalité de la dette publique belge au 31/05/2013 pour un royaume de 30 500 km2 et 11,3 millions d’habitants, soit 33 256 EUR par personne. « Mais les taux sont historiquement bas, ce qui prouve la grande capacité de la Belgique à honorer ses dettes. », nous répètent en cœur nos représentants de l’Etat. C’est avant tout l’œuvre de la Banque Centrale Européenne et de sa politique accommodante en matière d’émission de monnaie et de rachat d’obligations sur la partie longue de la courbe des taux (entre 5 et 10 ans, voire au-delà). Rien à voir avec la bonne gouvernance belge qui en fait est lamentable. Motivés par un raisonnement keynésien, le gouvernement pense pouvoir relancer la machine économique en procédant à de grandes dépenses publiques mais le fait est que, vu notre taux d’endettement très élevé (99.60% du produit intérieur brut), toute idée de relance par la dette est bancale. Egalement, en raison de l’euro et de la fixité des changes entre états de l’Eurozone, l’outil de la dévaluation n’est pas disponible, obligeant ainsi le gouvernement à équilibrer le budget.


Les taux d’imposition du travail flirtent avec des niveaux stratosphériques (près de 60% du revenu est capté par l’état belge via la fiscalité directe et indirecte). Les perspectives sombres et le revenu net amoindri ne sont pas des facteurs à augmenter la propension à consommer des Belges connus pour leur capacité à épargner. D’ailleurs, les livrets d’épargne s’élèvent à plus 240 milliards d’euros ce jour, un montant qui fait baver le gouvernement qui, selon les rumeurs, nous prépare un grand emprunt avec, à confirmer, l’OBLIGATION pour les épargnants belges de souscrire. Si cela se vérifie, vous aurez de quoi vous faire du souci car il ne s’agit ni plus ni moins que d’un détournement de la propriété privée. Ici, la captation de l’épargne aura pour résultante de renflouer l’Etat plutôt que les banques comme à Chypre dernièrement. Pour information, l’Agence de la Dette Belge ne se prive pas d’utiliser cette statistique pour faire la promotion des emprunts belges sur les marchés financiers, présentant l’encours sur les livrets d’épargne comme une garantie collatérale sur laquelle le gouvernement pourra tirer via le levier fiscal afin d’honorer ses engagements. Epargnant belge, as-tu signé de ta main l’octroi d’une telle garantie sur ton livret ? Moi pas en tout cas…

Le 2 mai 2013, à la clôture de la séance, l’emprunt belge (OLO à 10 ans) a touché son taux de rendement le plus bas jamais enregistré, soit 1.91%. Cela signifie que, si ce jour-là la Belgique s’était refinancée sur les marchés en empruntant, ledit marché aurait demandé un intérêt annuel minimum de 1.91%, ce qui est un loyer de l’argent incroyablement bas pour un tel débiteur sur une telle échéance. Pour rappel, au début des années 1980, le taux de l’OLO à 10 ans était à plus de 15% ! Comme toutes les nuits d’ivresse, il y a un lendemain de veille à affronter et son affreuse gueule de bois. Alors, de deux choses l’une, soit on décide de l’affronter courageusement et ça passera assez rapidement, soit on reboit dessus et on prolonge l’ivresse jusqu’à la chute finale. Et cette dernière se matérialise progressivement car le taux de rendement de l’OLO est passé de 1.91 à 2.92% au 24 juin 2013 (voir graphique ci-dessous, source : Bloomberg), soit une hausse de plus de 1% en moins de 2 mois.

 
Considérons maintenant les données suivantes. La Belgique doit se refinancer selon l’agenda ci-dessous, correspondant à des obligations qu’elle a émise arrivant à échéance (chiffres en milliards d’euros, source : Bloomberg) :
-         2013 : 36,60 en nominal + 5,48 en intérêts = 42,08
-         2014 : 36,82 en nominal + 11,75 en intérêts = 48,57
-         2015 : 30,71 en nominal + 10,62 en intérêts = 41,33
-         2016 : 30,71 en nominal + 9,28 en intérêts = 39,99 
-         2017 : 33,71 en nominal + 8,38 en intérêts = 42,09

TOTAL A REFINANCER : 168,55 milliards d’euros (1)
TOTAL CHARGES D’INTERETS : 45,51 milliards d’euros (2)*
TOTAL (1) + (2): 214,06 milliards d’euros

Il est à noter que seule la charge d’intérêts sera au final réellement décaissée et prise en charge annuelle, le total des montants nominaux feront l’objet d’un rollover (remboursement suivi d’un emprunt immédiat du même montant). Toutefois, toute incapacité totale ou partielle de rembourser le nominal de la part du débiteur entraînera un événement de crédit sous la forme d’un défaut de paiement. La Belgique devra rembourser ces sommes au moment du renouvellement même s’il lèvera de nouveaux fonds le même jour via l’emprunt. 

Il faudra donc refinancer 168,55 milliards d’euros de la dette belge au minimum, soit 45% de son encours, sachant que la Belgique n’a aucun excédent budgétaire disponible à affecter à son désendettement à un terme de 5 ans. Donc, ceteris paribus cette hausse de 1% du taux de rendement de l’emprunt à 10 ans représentera dans 5 ans une charge annuelle additionnelle de 1,685 milliards d’euros d’intérêts car il faut tenir comptes des 13 milliards à décaisser annuellement sur la totalité de la dette belge. Et ceci dans l’espoir que la dette n’augmente pas, ce qui ne sera pas le cas vu le grand emprunt national que nos dirigeants nous préparent. Imaginons que le taux augmente de 2%, alors ce sera 3,17 milliards d’euros d’intérêts en plus. S’il augmente de 3%, 5.055 milliards. Si la garantie de plus de 50 milliards pour Dexia doit être déclenchée, même partiellement, cela entraînera une situation insupportable qui, plus que probablement, propulsera le coût de l’emprunt de la dette belge à un niveau insoutenable pour le budget.

Il y a donc différents scénarii qui peuvent être esquissés :
1.      Le captage de l’épargne selon un mode coercitif ;
2.      L’augmentation de la fiscalité sur le travail, les entreprises, l’épargne et le capital en général ;
3.      L’introduction d’une taxe sur les revenus immobiliers (baux résidentiels privés) ;
4.      Un défaut partiel ou total sur la dette (haircut) ;
5.      Une restructuration de la dette (prolongement des échéances, révision des conditions…) ;
6.      Un mix des 5 points ci-dessus.

Il est à parier que les gouvernants belges feront tout pour éviter les points 4 et 5 car ce serait donner un signal extrêmement négatif aux marchés. Egalement, si la petite Belgique en arrive à cette alternative, dites-vous que la Grèce, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal, la France et l’Italie auront déjà mordu la poussière, ce qui, dans un scénario catastrophe, entraînerait la ruine de nombreux épargnants, des faillites bancaires à la chaîne en raison du risque systémique inhérent à la monnaie fiduciaire et aux réserves fractionnaires ainsi que potentiellement la fin de la monnaie unique européenne. Et ce n’est pas fini… Avec 42 milliards d’euros décaissés en 2013 pour les pensions et prépensions, compte tenu du choc imminent venant du vieillissement de la population, la Belgique devra décaisser 10 milliards de plus par an à cette fin dans les 5 années à venir. Pendant ce temps, son fonds de vieillissement (www.fondsdevieillissement.be)  créé en 2001 pour faire face à ce choc  affiche un encours de 19,17 milliards d’euros à ce jour alors qu’il devrait être à plus de 120 milliards selon l’agenda programmé. De plus, en y regardant de près, on voit que ses actifs sont… des avances faites à l’Etat belge !  Le débiteur est le créancier qui est le débiteur… Un tel raisonnement circulaire relève du schéma de Ponzi (du nom de l’escroc qui inventa cette arnaque consistant à emprunter à toujours plus de créanciers pour payer avec les montants nouvellement collectés les intérêts aux créanciers précédents, le montage se terminant par un effondrement et la ruine des créanciers). Même Bernard Madoff n’a pas fait aussi fort avec sa fraude à 55 milliards de dollars.

Et comme une bonne nouvelle n’arrive pas sans une autre, lorsqu’on regarde du côté de la BCE, celle-ci refuse d’accorder plus de liquidités aux états, son bilan étant déjà bien chargé en emprunts grecs, espagnols, portugais et italiens. De plus son mandat ne lui permet pas de souscrire aux obligations souveraines au marché primaire, c’est-à-dire à l’émission. Nos gouvernants devront trouver preneurs sur le marché et nous verrons si nos matadors seront aussi courageux devant le taureau des marchés financiers comme les premiers se plaisent à le montrer dans leurs discours enflammés contre ce qu’ils appellent la finance sans visage. Quand une personne devient alcoolique, ce n’est pas aux vignerons qu’il faut s’en prendre. Dans le même ordre d’idée, les gouvernants ont volontairement émis ces emprunts pour financer leur gabegie et leur clientèle. Ce ne sont pas les banques qui les ont forcés à émettre. Le résultat est que nous avons maintenant une dette colossale qui n’est rien d’autre qu’un impôt différé, la charge d’intérêts en sus. Au nom d’une prétendue solidarité, nous accablons les jeunes générations qui devront supporter le poids de cette dette et de ses intérêts. C’est aussi se leurrer complètement lorsqu’on sait que d’autres contrées peuvent accueillir nos chères têtes blondes qui n’accepteront pas de payer le prix de notre mauvaise gouvernance. Personnellement, je n’aurai pas l’audace et la mauvaise foi de les blâmer. D'autant plus que la hausse des taux aura un impact sur le coût de leur futur emprunt hypothécaire.  

Cher lecteur, je ne vais pas te mentir : la dette est énorme. Le passif des pensions est monstrueux et jamais les libertés économiques n’ont été à ce point brimées dans notre vieille Europe qui doit affronter des économies plus émergées qu’émergentes dans un monde globalisé. Ca va faire mal. Très mal. Le choc aura-t-il lieu dans 3 ans ou dans 10 ans ? Je n’en sais rien. Le plus tôt sera le mieux. 

vendredi 21 juin 2013

Ecolo, fin du programme malthusien ?

Auteur : Union des Libéraux de Belgique
Mise en ligne : 21 juin 2013

Dans une lettre ouverte (1) aux co-présidents d’Ecolo Emily Hoyos et Olivier Deleuze, un militant du même parti, Michel Balieus, s’en prend au directoire bicéphale et à ce qu’il nomme la nouvelle ligne du parti. Se disant atterré par le « Projet de Manifeste Politique Ecolo », il lui reproche son caractère trop égalitariste et trop socialiste par la redistribution des revenus au détriment de l’élan écologique originel visant à préserver les ressources naturelles par la diminution de la consommation et de facto la réduction de la démographie. Selon M. Balieus, seul le parti La Droite (tendance droite conservatrice, voire extrême-droite suivant les avis) ose poser la question sans pourtant y répondre. Si la remarque peut surprendre plus d’un lecteur, voyons ci-dessous ce qui sous-tend ce raisonnement.


En fait, le discours écologiste originel puise ses racines dans les théories de l’économiste anglais Thomas Robert Malthus (1766-1834) via son Essai sur le Principe de Population publié en 1798. Dans cet ouvrage, Malthus, loin de toute considération écologique à cette époque, énonce la célèbre loi de population qui prétend que la croissance démographique observera une progression géométrique (1, 2, 4, 8, 16, 32, 64…) tandis que les ressources alimentaires disponibles évolueront selon une progression arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7…), ce qui à terme entraînera une différentiel trop important pour assurer à toute la population, même sur une base de redistribution équitable, les moyens de subsistance adéquats. Il est à noter que, si au départ Malthus sera influencé par les économistes classiques libéraux tels que Adam Smith et David Ricardo, il virera par la suite sa cuti pour abonder dans le sens des penseurs d’inspiration socialiste tels que Jean-Jacques Rousseau et Pierre Sismondi. Cet essai influencera aussi des « penseurs » aux thèses nauséabondes comme les théoriciens de l’eugénisme et de l’aryanisme, champions de la race pure et de l’espace vital.

Au plan de la théorie économique, l’essai de Malthus exercera une influence sur des économistes dont le fameux John Maynard Keynes, auteur de la Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie parue en 1936, ouvrage qui sert toujours de base d’enseignement de l’économie dans les principales universités contemporaines. Keynes s’inspire en droite ligne de Malthus : les salaires sont voués à stagner, voire décroître, le chômage structurel se substitue au chômage conjoncturel, tandis que le capital et donc la rémunération du capitaliste augmentent de manière exponentielle. Pour assurer le rééquilibre et la relance économique, il convient donc de lancer de grands travaux et chantiers via l’endettement et la dépense publics,  l’expansion du crédit et l’augmentation de la masse monétaire, la baisse des taux d’intérêt et l’euthanasie du rentier. Ceci aura donc pour résultante d’augmenter les salaires et conséquemment la propension à consommer. Consommer, vous avez dit ? Mais n’est-ce pas là un acte de destruction de ressources ? En effet, en termes de biens non durables, c’est le cas.  De plus, tout le revenu qui est alloué à la consommation ne peut pas être alloué à l’épargne pour des investissements futurs ou pour faire face aux jours sombres. Et pour couronner le tout, l’endettement public allant crescendo, la croissance des bureaucraties est inévitable, ce qui exerce un effet d’éviction sur le commerce, l’industrie et l’emploi au final, ainsi qu’une mauvaise allocation des ressources dès lors gaspillées. Du côté des salaires, s’ils augmentent en termes nominaux, il n’en va pas de même en termes réels, l’inflation subséquente rongeant le pouvoir d’achat. C’est le crédo économique keynésien, pourtant détrompé par les économistes de l’école autrichienne (Mises, Rothbard, Hayek, Hazlitt, Hoppe…), qui alimente le discours et l’action des politiques et des banques centrales depuis les années 1930 jusqu’à ce jour. Il est particulièrement interpelant de constater que la doctrine économique keynésienne, d’inspiration malthusienne, entretient au final le chômage et donc la pauvreté, justement ce qu’elle s’engageait à corriger. Que l’écologisme s’inspire de la théorie malthusienne qui a inspiré une doctrine économique aboutissant à la surexploitation et la destruction des ressources est également interpelant.

Mais, à l’origine, que veulent réellement les partisans écologistes de la théorie malthusienne ? Ils se prononcent en faveur d’une stabilisation, voire d’une réduction, de la population par la contrainte de l’Etat. Ceci peut se traduire de différentes manières en termes d’actions : rationnement des biens de consommation, limitation des naissances (ex. : politique de l’enfant unique en Chine), freins à l’immigration (ex : régimes fascistes, les communistes n’étant guère mieux en termes de libre circulation des personnes) ou encore, dans les cas les plus extrêmes, une invitation au suicide collectif pour les plus âgés (voir le récent appel de Jacques Attali) ou le génocide d’un important pourcentage de la population (on retrouve l’apologie de cette théorie dans le film L‘Armée des 12 singes de Terry Gilliam considéré comme film-culte par la branche malthusienne des écologistes). Ceci a donc pour corollaire une réduction des libertés individuelles et une violation des droits naturels de l’individu.

La lettre ouverte de M. Balieus a au moins le mérite de rappeler la vraie nature de l’idéologie écologiste ainsi que la circularité de son raisonnement, sa contradiction, son caractère schizophrène et sa destruction des libertés civiles. Le malthusianisme s’inscrit dans un modèle sociétal totalitaire. Il est dès lors très suspect que La Droite soulève une telle question.

L’Union des Libéraux rejette en bloc ces théories malsaines et propose un modèle sociétal et économique basé sur le respect de la propriété privée et la responsabilisation de l’individu. Nous accueillons favorablement l’immigration, source d’enrichissement économique et culturel, dans le respect des valeurs libérales et laïques et pensons que la maîtrise de la démographie passe avant tout par une refonte du système social et une révision drastique du code du travail ainsi que de la fiscalité. Avec la réforme de  l’enseignement via la décentralisation du pouvoir et l’introduction des chèques-enseignement, ceci aura pour conséquence d’améliorer les niveaux de connaissances et de compétence et de susciter de réelles vocations professionnelles. Une société faisant la part belle aux libertés individuelles et dont les standards de vie augmentent est caractérisée par une meilleure maîtrise de la fécondité par les femmes elles-mêmes, ce qui entraîne une baisse de la natalité mais aussi une baisse du taux de mortalité. Couplé à une hausse des gains de productivité et au strict respect de la propriété privée, l’individu libre et responsabilisé tend à optimiser l’usage et le recyclage de ses propres ressources, la dynamique de l’innovation et sa récompense étant en marche.  

Parce qu’on ne gère bien que ce qu’on possède réellement, parce qu’on n’apprend de la vie que lorsqu’on est responsable de ses décisions et de leurs conséquences, le modèle de l’UdL s’inspire des penseurs des Lumières qui, il y a plus de 2 siècles, rejetèrent le joug tyrannique de l’Etat pour concevoir la société selon les principes du Libéralisme en tant que philosophie du droit et morale individuelle dont découlent un système économique et une organisation politique. Le Libéralisme puise sa source dans les droits naturels théorisés dès le 16e siècle et que l’on retrouve dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (2), à savoir :
          - la Liberté,
          - la Propriété Privée,
          - la Sûreté,
 - la Résistance à l’Oppression.

Prenez connaissance de notre programme sur www.uniondesliberaux.be et rejoignez le mouvement. Moins l’Etat est intrusif dans nos vies, plus nous y gagnons en élévation des standards de vie.


Salaires : ce que le capitalisme vous offre, ce que le socialisme vous laisse. Source: Contrepoints

Auteur : Acrithène
Mise en ligne : 21 juin 2013

Note de Contrario: Il s’agit ici de chiffres français relatif aux salaires nets et au coût pour l’employeur, la différence s’expliquant par la ponction fiscale au profit de l’Etat, ses politiques et fonctionnaires. Les promesses irresponsables de nos gouvernements ont un coût que l'on finit toujours par payer.

Entre 1980 et 2010, le prix payé par les entreprises pour un salarié français « moyen » a crû de 12 000€, net de l’inflation. Cependant seuls 4 000€ sont arrivés dans les poches des travailleurs. Le reste a été capté par l’Etat. 

La France gravira-t-elle le podium des pays les plus collectivistes du monde l’an prochain ? L’an dernier, le classement des taux de prélèvements obligatoires la plaçait à la 6ème place mondiale, à quelques encablures de Cuba. Et encore heureux que la France maintienne son exception culturelle dans ce monde vilainement capitaliste.

Car s’il fallait compter sur le capitalisme pour faire vivre les travailleurs et les travailleuses, nous serions bien mal partis. Pensez qu’en trois décennies, le salaire net moyen n’a crû, après correction de l’inflation, que d’à peine 4 000€ (euros de 2012 dans tout l’article). Et ce alors qu’il avait crû de 14 000€ entre 1950 et 1980.

A en croire les socialistes, on aurait là la preuve que le capitalisme exploite le travail en refusant de le payer à sa juste valeur. Une histoire qui ne tient pas la route lorsqu’on analyse sérieusement les chiffres.

A l’aide des données historiques du salaire net moyen de l’INSEE (1) et de l’historique des barèmes des prélèvements sociaux fourni par l’Institut des Politiques Publiques (2), j’ai reconstitué l’historique de trois séries. Salaire net, charges patronales et charges salariales pour un salarié moyen. Heureusement que la fiscalité française est relativement simple, permettant à un doctorant en finance de faire ce travail en moins de 5 heures.

Le graphique qui suit présente l’évolution historique de ce que paye une entreprise pour embaucher un salarié français moyen, et de ce que le salarié reçoit effectivement comme salaire annuel net. Le graphique laisse apparaître une forte inflexion dans le rythme d’augmentation du salaire net à partir de la fin des années 1970. L’essentiel de l’inflexion est dû à la fin du rattrapage du niveau de productivité américain. Cependant, il est aussi frappant que le ralentissement de la hausse du salaire net moyen a été beaucoup plus fort que celui de la hausse de ce que payent les employeurs. Autrement dit, le marché a continué à valoriser le travail de plus en plus, ce qui ne s’est pas vraiment ressenti dans les salaires.


Pourquoi ? Pour comprendre, il suffit de jeter un œil au graphique suivant, qui décompose le prix du travail entre les charges prélevées par l’Etat et la part revenant au final au salarié. Depuis 1950, la part du salaire net dans le coût d’un salarié est passée de 74% à 56%. On pourrait disserter sur le chômage induit par ce genre de matraquage, mais ce billet porte principalement sur le pouvoir d’achat des salariés du privé.


Pour conclure, le dernier graphique décompose la hausse du salaire net moyen entre 1980 et 2010. Pour les employeurs, la facture pour un salarié moyen a crû de 12 000€, mais 65% de cette hausse de la valeur de marché du travail a été absorbée par l’Etat Providence. Evidemment, une fois arrivé au salaire net, reste-t-il encore à payer la TVA, l’impôt sur le revenu, la cantine des enfants des autres… et cetera.



Sources :

jeudi 20 juin 2013

Réformer les banques - Les propositions originales de Charles Coquelin

Auteur : C.L.
Edition mensuelle : Laissons faire (juin 2013)

Résumé: Cinq ans après une crise que les nations européennes n’ont pas encore déposée derrière elles, et qui continue encore à les hanter, aucune question économique n’est d’une actualité plus brûlante que celle des banques. Quel est le système bancaire le plus bénéfique pour la croissance économique ? Quelles règles doivent régir les institutions bancaires ? L’État doit-il garantir les dépôts, et les refinancer en cas de troubles passagers ? Toutes ces questions, qui continuent à remuer les économistes contemporains, et qui ne semblent pas obtenir d’eux une réponse définitive, ont été étudiées par le passé. Cet article présente les réformes que Charles Coquelin, son spécialiste, avait en son temps proposées.

Charles Coquelin : les Français se souviennent-ils seulement de cet illustre économiste ? Il semblerait que non. Notre nation aurait pourtant des raisons d'être fière d’un penseur qu'elle a enfanté, et qui avait su parfaitement comprendre les forces qui se remuaient en elle, ainsi que les maux dont elle souffrait. Cet article montrera pourquoi, sur la question des banques, qui fut son principal sujet d’étude, les solutions qu'il proposait en son temps sont celles qu'il nous faut adopter aujourd'hui.


En présentant Charles Coquelin et les idées tirées de son livre Le Crédit et les Banques (1848), nous ne souhaitons pas moins qu’éclairer ces questions avec la lumière rassurante de la science, afin que le citoyen contemporain, troublé en observant les dérèglements du système bancaire, reçoive pour dissiper ses craintes des propositions de réformes.
Sa mémoire, aucunement honorée de nos jours, ne doit pas nous faire croire le contraire : Charles Coquelin fut un économiste français de premier plan, un de ceux qui méritent dignement de figurer à la suite d'Adam Smith et de Jean-Baptiste Say, dans la longue lignée des grandes figures de la pensée économique. Avant d’étudier ses écrits sur les banques, indiquons qu’il fut très impliqué dans le mouvement de la science économique de son siècle. En 1840, il participa, avec Frédéric Bastiat, Horace Say (fils de Jean-Baptiste Say), et Gilbert Guillaumin, à la création du très regretté Journal des Économistes, puis, en collaboration avec Guillaumin, à l’édition du Dictionnaire de l’économie politique (1854), somme magistrale du savoir économique de l’époque, pour laquelle il écrivit de nombreux articles, tels : Banque, Capital, Circulation, Commerce, Concurrence, Crédit, Crises commerciales, Échange, Économie Politique, et Industrie.

Né à Dunkerque en novembre 1802, Coquelin avait fait de brillantes études de droit à Douai. Après avoir travaillé quelques années en qualité d’avocat, puis dans l’industrie, il se consacra pleinement à la science économique. Ce fut des économistes français qu’il reçut sa formation ; non qu’il rejeta volontairement les penseurs anglais ou italiens, mais ce furent surtout les ouvrages de Français qui lui tombèrent entre les mains. Ainsi, à part Adam Smith et peut-être McCulloch, il apprit les principes économiques par Jean-Baptiste Say, Destutt de Tracy, et d’autres. Ce jeune provincial arriva à Paris avec une soif de savoir qu’il assouvit sans grande peine. La question des banques attira très tôt son attention. Ses premières contributions, données au journal Le Temps, puis dans la Revue des Deux Mondes, illustrent cet intérêt.

Coquelin était un économiste d'un genre particulier. Il n’aimait pas travailler sur commande, et puisqu’il n’affectionnait que certains sujets, il n’écrivait que sur les questions se rapportant à ceux-ci. En outre, il n’était pas de ceux qui se perdent dans les abstractions théoriques. Il aimait les faits, et savait que ce serait toujours sur le terrain des faits que les économistes auraient à combattre. Pour vaincre les sophismes, son collègue et ami Frédéric Bastiat usait de l'humour, du conte, et de la belle rhétorique ; Coquelin préféra l'observation empirique. Son premier ouvrage, par exemple, fut consacré aux filatures mécaniques.

Après un début de carrière d’une intensité rare, une mort précoce lui enleva, comme à son ami Frédéric Bastiat, la chance de porter vers d’autres cieux sa jeunesse prometteuse. Il décéda à l’âge de 49 ans, laissant inachevée une formidable Histoire des banques ainsi qu’un traité d’économie politique. Ce n’est donc qu’à son Du Crédit et des Banques, et à l’article « Banque » du Dictionnaire de l’Économie Politique que nous pourrons nous référer ici.

L’époque dans laquelle écrivait Coquelin n’était pas moins marquée que la nôtre par la récurrence des crises, et désarçonnée par la complexité du problème que celles-ci posaient aux élites du temps : « Jamais peut-être des causes plus graves et plus pressantes n’ont recommandé à l’attention de notre pays toutes les questions qui se rattachent au développement du crédit et de la richesse publique. Depuis plusieurs mois déjà, la France est sans commerce, sans industrie et sans travail. Cette déplorable situation ne peut durer. Quand on prétend que le retour seul de la confiance pourra l’améliorer, on s’abuse sur l’avenir comme sur le présent : on méconnaît les obstacles réels que nos institutions et nos lois opposent au développement de la production ; on méconnaît les germes de désordre qui fermentent encore au sein de la société et qui la troubleront encore longtemps. » (préface de la première édition, p.1) [1]


C’est à la compréhension de cette réalité que Coquelin s’attacha à contribuer. Bien que son œuvre soit scientifique, et théorique, ses fondements sont nés dans l’empirisme. Grand observateur de la réalité économique de son temps, comme le prouve son remarquable Essai sur la filature mécanique du lin et du chanvre, Coquelin avait parfaitement remarqué les tendances lourdes qui intervenaient avant et après les crises économiques. Avec intelligence, il les rattachait à la question des banques. La première de ces constations, et une à laquelle les dernières années donneraient difficilement un démenti, c’est que les périodes de crise s’accompagnaient généralement d’une extrême souplesse de l’État vis-à-vis des lois et des règles les plus élémentaires, et que cette souplesse même, en remettant immédiatement les banques dans l’euphorie du joueur qui risque beaucoup tout en ne risquant rien, préparait à chaque fois de nouvelles crises : « La plupart des gouvernements, d'ordinaire si réservés, si difficiles, si méticuleux quant à l'institution des banques, si prompts à leur imposer toute sorte de règles arbitraires, gênantes et vexatoires, se montrent très lâches quand il s'agit, dans les moments de crise que leurs fautes ont préparés, de leur appliquer les principes du droit commun. Ils les traitent alors comme des enfants gâtés : ils se relâchent à leur égard ; ils leur accordent, en violation de leurs engagements sacrés, au mépris des droits des particuliers, des facilités abusives, qui ne font que les encourager dans des voies fausses et préparer de nouveaux désastres. Coupable facilité, tolérance funeste, dont on a vu trop souvent les déplorables suites ! » (p.179)

Contre cette déplorable pratique, Coquelin réclamait qu’on applique aux banques le même droit inflexible que celui qui régit les entreprises privées : qu’on ne les sauve pas d’une faillite méritée et inéluctable, et qu’on ne les soutienne pas à grand frais pour la nation entière. « Un gouvernement doit aux banques protection, liberté, mais nulle faveur » proclamait-il avec vigueur.

C’est par son analyse des cycles économiques que Coquelin en était venu à défendre ces principes. Selon l’analyse qu’il en fit, l'alternance récurrente de crises et de périodes d'embellie économique tirait son origine des règlements abusifs sur les banques, de leur constitution en monopole, et de l'expansion du crédit. C’est ce qu’il notait déjà dans un article sur la crise de 1844. [2]

À l'inverse, il montrait comment un système bancaire fonctionnant librement, et laissé parfaitement responsable de ses activités, parviendrait naturellement à fixer les taux adéquats de risque, et la portée des engagements pris par les différents acteurs. Cela restreindrait l'expansion du crédit, réduirait la volatilité, solidifierait les institutions bancaires, et assainirait le système bancaire dans son ensemble.

La libéralisation de l'activité bancaire, concluait donc Coquelin, est le seul moyen d'empêcher les crises économiques de revenir sans cesse. Dans la seconde édition, en 1859, Coquelin indiquait ces réformes clairement : « Peut-être aussi, pour accélérer le retour du crédit, serait-il nécessaire d'abroger la loi qui fixe le taux de l'intérêt, loi fâcheuse dans tous les temps, et qui devient en ce moment funeste ; mais ces dernières mesures sont comme les corollaires de l'autre. Que les Français puissent, usant d'un droit fort naturel d'ailleurs, exercer comme ils l'entendent, soit isolément, soit en compagnies, le commerce de banque, de change et d'argent : voilà le principe dans toute sa latitude, tel qu'il doit être compris et proclamé. À cette condition, mais à cette condition seulement, le commerce et l'industrie répareront leur ruine, et se relèveront plus forts, plus vivaces, qu'ils ne l'ont été dans aucun temps. » [3]

Charles Coquelin était l’un des pionniers dans l’étude des effets néfastes des banques centrales et de la déresponsabilisation des banques sur l’économie. Il fut le premier à théoriser ces deux phénomènes, en utilisant des arguments d’un rare bon sens, tel que celui-ci : les banques centrales sont l’un des seuls domaines de l’économie où une institution étatique prétend planifier et gérer l’économie, or ce qui ne fonctionne pas pour le blé ou l’acier n’a pas davantage de raisons de fonctionner pour la monnaie et le crédit.

La lecture des ouvres de Charles Coquelin, et surtout de son Du crédit et des banques, achève de nous prouver l’urgence d’une réforme profonde, et nous indique le chemin à emprunter. Un système bancaire fonctionnant sans État et sans banque centrale serait plus sain : les banques y seraient plus sérieuses et plus responsables, et les déposants et épargnants seraient mieux protégés de l’inflation ainsi que des soutiens obligatoires en faveur des grandes banques.

Il faut dire en outre que la crise que nous connaissons n’est finalement ni unique, ni même exceptionnelle. Il s’agit d’un dérèglement du crédit, poussé par la Banque Centrale et les banques privées déresponsabilisées. La crise se prolonge ensuite par la fuite en avant des États et de leurs faux remèdes : davantage d’interventions. Cela, Coquelin permet de le penser, et de l’analyser dans l’enchaînement des causes et des effets.

Ainsi, Charles Coquelin, par son étude historique et théorique du fonctionnement des banques, contribue à une explication cohérente de l’apparition des crises et de leur prolongation. Cette explication, et les mesures de réformes qui en sont le pendant, Coquelin l’avait fourni dans des termes clairs, tranchants, et visionnaires, dont la lecture est certainement la meilleure façon de finir cet article, de se convaincre de l’actualité de ce penseur, et de sa sagesse : « Il ne s'agit point de voter des subventions, qui ne font que couvrir les plaies et envenimer le mal au lieu de le guérir ; encore moins de proclamer le droit au travail ou le droit à l'assistance, erreurs déplorables, contre-sens funestes, qui ne tendent à rien moins qu'à faire de la France un vaste dépôt de mendicité ; il s'agit de réformer les abus dont notre ordre social est dévoré, d'affranchir le travail, encore esclave, quoi qu'on en dise, et de sauver l'industrie en lui permettant de se sauver elle-même. »

Voilà le chemin tracé.

Références:
[1] L’édition utilisée dans cet article est : Charles Coquelin, Du Crédit et des Banques, Guillaumin, 1848.
[2] Charles Coquelin, « Du crédit et des banques », Revue des Deux-Mondes, 1er septembre 1844.
[3] Charles Coquelin, Du Crédit et des Banques, deuxième édition, Guillaumin, 1859, p.453.

Lien vers l‘article (page 20) :

mardi 18 juin 2013

L’Ethique de La Liberté – Murray Rothbard (1926-1995)

Edition Les Belles Lettres

Contrario vous propose de (re-)découvrir régulièrement des ouvrages tirés de la grande bibliothèque du Libéralisme.


Lorsque The Ethics of Liberty est publié en 1982, Murray Rothbard (1926-1995) n’en est pourtant pas à son coup d’essai : dans une veine semblable, cet émule de Ludwig von Mises s’est fait connaître en 1973 avec For a New Liberty : The Libertarian Manifesto. Mais dans son nouvel opus et en partant d’une décapante « robinsonnade », il radicalise le libertarianisme en prônant une liberté individuelle maximale, l’État zéro et une société totalement privatisée fondée sur l’échange volontaire et le capitalisme de laissez-faire, eux-mêmes légitimés par une réinterprétation rationaliste rigoureuse de la tradition du droit naturel, du droit de propriété et de la morale qui en découle.

lundi 17 juin 2013

Le printemps des petits partis

Auteur : Benoît Parmentier, membre de l’Union des Libéraux, nouveau « petit » parti libéral en francophonie belge.
Mise en ligne : 17 juin 2013
En Belgique, à l’approche des législatives, la tendance semble s’intensifier : chaque nouvelle perspective électorale voit fleurir son lot de nouveaux partis immédiatement catalogués « petits » par tous. Les conservateurs, enfin disons plutôt les « grands » partis, s’empresseront bien vite de balayer d’un revers de main ce morcellement bien inutile des suffrages. Mais franchement qu’est ce qui peut bien motiver ces francs tireurs à s’investir de la sorte ? Car si l’objectif est de se faire une place au soleil dans le gotha de la politique belge et en tirer un profit personnel quelconque, les chances sont bien minces. Pour faire carrière la filière du grand parti est nettement plus fiable. Bien sûr, certaines personnalités narcissiques pourront y trouver une tribune idéale. Mais rappelons que le terrain de jeu, c’est la politique.


En germe, le petit parti c’est d’abord une idée centrale, une philosophie, un idéal. Pour les extrêmes évidemment l’idée centrale, c’est l’exclusion. L’ennemi déclaré, c’est tantôt le capital, les étrangers ou le système en place. Avec ou sans vernis, décomplexés ou pas, les extrêmes naissent plus d’une frustration que d’un réel projet. Mais passons, ils mettent en danger nos libertés individuelles.
Une philosophie et un idéal, mènent donc quelques individus à investir en masse leur temps, leur énergie et leurs compétences à construire un projet novateur et cohérent. Au mieux, une douce illusion, parfois mais rarement, un acte créateur qui mérite au moins le respect. L’arbrisseau planté au milieu des chênes centenaires pourra-t-il se développer ? Le populiste martèlera que les chênes lui font de l’ombre. L’individu responsable assumera et se secouera feuilles et racines.
Courage …

vendredi 14 juin 2013

LIBRES ! - Le livre aux 100 auteurs libéraux

Collectif La Main Invisible

Contrario vous propose de (re-)découvrir régulièrement des ouvrages tirés de la grande bibliothèque du Libéralisme.


De nombreux grands auteurs ont déjà rédigé beaucoup d’excellents ouvrages à propos du libéralisme et de ses applications. Le but de ce livre est de mettre à la portée de tous des contenus sur les bienfaits du libéralisme, les vertus de la liberté, les avantages d’être libre et de vivre comme on le souhaite ; mettre en lumière tous les points positifs d’une liberté rendue à l’individu, le libre arbitre, le libre choix.

Ce projet bicéphale mené par Ulrich Génisson et Stéphane Geyres a donné naissance à un livre pas comme les autres : LIBRES! Regroupant 100 articles rédigés par 100 auteurs différents, de tous âges et toutes conditions, avec une seule force sous-jacente commune, la liberté, l’ouvrage aborde des sujets diverses et variés tels que la libre entreprise, la monnaie, la santé, l’éducation, l’immigration, la police, les drogues… 100 auteurs parmi lesquels on retrouve aussi des grands noms du libéralisme contemporain tels que Pierre Lemieux, Pascal Salin, Vincent Bénard, Bertrand Lemennicier, Michel de Poncins…

Lien vers le site : http://lamaininvisible.org/  

jeudi 13 juin 2013

Billet d’humeur : Ne confondez pas libéralisme classique et capitalisme de connivence.

Auteur : Didier Vanderbiest
Mise en ligne : 13 juin 2013

Comment définir le libéralisme classique et comment détromper ceux qui estiment que le libéralisme est un mal ? Il existe seulement 2 courants de pensée dans le domaine politico-socio-économique : le libéralisme et le socialisme. Le libéralisme est contre toute forme d’interventionnisme étatique via la propriété privée des moyens de production tandis que le socialisme s’articule, lui, autour de l’interventionnisme et la nationalisation à différents degrés des moyens de production et de l’activité économique. Cette affirmation est absolue, incontournable, inattaquable. En effet, les maîtres à penser du libéralisme, principalement les représentants de l’Ecole Autrichienne et les libéraux français tels que Frédéric Bastiat, Jean-Baptiste Say et Anne Robert Jacques Turgot par exemple, ont toujours été farouchement opposés à toute forme d'intervention des autorités dans l'économie.


Le socialisme se divise en deux tendances, la première qui est basée sur la redistribution des richesses, la haine du capital, du profit et que nous pouvons appeler socialisme de gauche. La deuxième, basée sur le lobbying, le corporatisme, la connivence, les lois et règlementations favorisant des groupes d’individus au détriment d’autres, et que nous nommerons socialisme de droite.

La responsabilité de la crise actuelle est à mettre sur le compte de l’interventionnisme d’Etat. En effet, c’est principalement l’assouplissement monétaire après les attentats de 2001 couplé à l’obligation des banques de prêter de l’argent aux plus indigents afin qu’ils deviennent propriétaires, ce qui a créé la bulle immobilière. Cette dernière finit par éclater en 2008 avec toutes ses conséquences directes et indirectes. Conclusion : le libéralisme n'est absolument pas responsable de la crise de 2008 qui est la conséquence de l’expansion monétaire des banques centrales et des garanties farfelues des gouvernements.

Actuellement, il est pratiqué un interventionnisme monétaire comme jamais cela ne s'est produit dans l’histoire, hormis sous le régime de la République de Weimar. Alors que dans les années 20, il était « local », actuellement il est planétaire. Nous observons des banques centrales avec à leur tête des gens comme Mario Draghi, ex-Goldman Sachs à la tête de la BCE, Ben Bernanke à la Federal Reserve et Shinzo Abe à la Bank of Japan, qui impriment et prêtent à très bas prix des centaines de milliards par mois directement aux banques, dans un but prétendu de favoriser l’économie réelle. Cette dernière étant à l’agonie, toute ces liquidités partent gonfler les déficits budgétaires et spéculer sur les marchés boursiers et entraînent une impression de richesse. Mais celle-ci ne concerne que ceux qui sont déjà les plus riches, c’est-à-dire moins d’un pourcent de la population. Les petits épargnants, eux, se feront tondre comme c’est chaque fois le cas lors de l’éclatement d’une bulle car c’est bien d’une bulle qu’il s’agit, créée, comme nous venons de le voir, par l’interventionnisme monétaire. Ce qui se passe actuellement est donc le plus parfait exemple de capitalisme de connivence ou « socialisme de droite », cancer du libéralisme et chantre de la destruction de richesses.

lundi 10 juin 2013

La Route de la Servitude – Friedrich August von Hayek (1899-1992)

Chaque semaine, Contrario vous propose de (re-)découvrir un classique de la littérature libérale.

Dédicacé « aux socialistes de tous les partis », ce petit livre rouge fut écrit par un libéral. La Route de la servitude (titre original: The Road to Serfdom) est un essai paru en 1944 du philosophe et économiste Friedrich August von Hayek. Il appartient à l’Ecole Autrichienne d’Economie et obtint le prix Nobel d’économie en 1974.

Au printemps 1944, ce livre est publié en Grande-Bretagne et déclencha rapidement une tempête. Il ne fut pas écrit par un Anglais mais par un émigré autrichien, professeur à la London School of Economics. Alors que la Seconde guerre mondiale s’étendait en Europe, Hayek s’inquiéta de plus en plus de la tendance planificatrice des gouvernements et de ses conséquences pour la liberté individuelle. Ecrivant en 1937 au commentateur américain Walter Lippman, il exprima ses regrets : « Je voudrais pouvoir faire comprendre à mes « amis progressistes » que la démocratie n’est possible que sous le capitalisme et que les expériences collectivistes conduisent inévitablement au fascisme d’une manière ou d’une autre. » Dans ce livre, Hayek soutient que l'interventionnisme de l’Etat a tendance à toujours empiéter davantage sur les libertés individuelles et qu'il peut progressivement conduire au totalitarisme, c'est-à-dire à la servitude des peuples.

Au passage, il démontre avec brio les liens malsains et fraternels entre le communisme et le nazisme, qui ne sont que les deux horribles jumeaux du socialisme. Cet ouvrage est devenu au fil des ans un classique de la pensée libérale contemporaine. Il a été traduit dans une vingtaine de langues. À titre d'exemple, sa version abrégée de 1945 fut distribuée la même année à plus de 600 000 exemplaires et circula plus tard sous le manteau dans les états-satellites de l’URSS.

Le livre est téléchargeable gratuitement et en toute l’égalité au bout de ce lien :

Un Nobel de pacotille

Auteur: Charles Desmet

Mise en ligne: 10 juin 2013

 

Pour le "vulgum pecus" que nous sommes devenus, les Prix Nobel devraient distinguer des carrières particulièrement utiles à l'ensemble de l'humanité, des sommets intellectuels, des avancées majeures dans les sciences. C'était indiscutablement le cas pour des gens comme Camus, Einstein, ou Hayek et des centaines d'autres "lumières".



Mais, comme toute chose, les prix Nobel se déprécient avec le temps. Qui voudrait encore aujourd'hui du titre de "César", pourtant très recherché dans l'Antiquité romaine? Comme pour les "Césars", de moins en moins respectables, les Nobel se déprécient par le niveau de ceux qui se voient décerner cette médaille. Obama fut lui-même étonné de se voir attribuer un Prix alors qu'il n'avait encore rien accompli. Le Prix attribué à l'Union Européenne a été suffisamment ridiculisé, ne serait-ce que parce que trois bureaucraties ne parvinrent même pas à s'entendre sur le nom de celui qui irait chercher la récompense. Ce hochet était d'ailleurs d'autant moins mérité que l'Union a lamentablement échoué dans ce que les Traités définissaient comme son but essentiel (et le seul!): "l'amélioration constante des conditions de vie et d'emploi de leurs peuples". Face à leurs échecs, les bureaucraties s'étaient donc inventé, a posteriori, un but (le maintien de la paix) qui n'existait pas dans le Traité original, celui signé à Rome en 1957.

Comme toute administration qui échoue dans ses missions d'origine, l'Europe s'est donc inventée des buts artificiels. La bureaucratie européenne ne méritait certainement pas le Prix de la Paix, puisque la paix n'avait jamais été sa raison d'être. Lui attribuer le Nobel d'économie serait encore plus indécent. Mais elle serait en bonne compagnie, avec des lauréats qui ont fait plus pour discréditer ce Nobel-là que s'il avait été attribué à Bernard Madoff. Et ici, l'attribution la plus regrettable (et sans doute la plus regrettée) n'est pas celle de Merton et Scholes (qui avaient "inventé" des formules mathématiques qu'ils ont ensuite appliquées dans un fonds de placement qui a fait une faillite spectaculaire, entraînant la ruine de ceux qui leur avaient fait confiance) ou celle de Joseph Stiglitz, qui semble aujourd'hui avoir des recettes pour tout, et surtout pour nous faire avaler des recettes keynésiennes qui ont été la cause principale, si ce n'est la seule raison, de la destruction des économies, du marasme et de la dépression, du chômage et de la destruction du capital, base de notre civilisation.

Pour les Prix mérités, la distinction est une incitation au dépassement d'eux-mêmes. Pour les Prix de pacotille, le Nobel est une publicité qui fait vendre. Stiglitz a vendu des livres qui sont devenus des bestsellers, alors qu'ils n'auraient pas trouvé preneur sans cette notoriété. Mais il est un lauréat qui dépasse Stiglitz dans ce domaine. Paul Krugman, qui défend des thèses keynésiennes, pourtant discréditées par la répétition des crises, qui ont démontré l'inanité de politiques étatistes basées sur l'illusion que la monnaie crée la richesse, et que donc, en émettant plus de monnaie, on crée plus de bien-être.

Krugman a des clients, et les médias se bousculent pour lui ouvrir leurs colonnes, sachant que le peuple préfère la facilité à l'effort, la simplification d'une formule à la responsabilité personnelle. Les médias français adorent Krugman, et l'une des dernières "livraisons" du Nobel s'est étalée dans le "Courrier International", sous le titre accrocheur de "L'austérité tue", imitant le slogan imposé aux cigarettiers: "Fumer tue". Faut-il rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, l'Etat lui-même était cigarettier et même monopoleur (la SEITA française a tué des millions de fumeurs)? Le slogan aurait donc du être, logiquement: "L'Etat tue". Et c'est ce que cet article tentera de démontrer...

Krugman monte d'abord en épingle une erreur statistique dans une étude ("Growth in a Time of Debt" - "La Croissance dans une ère d'endettement"), publiée en janvier 2010 par deux universitaires américains. Il oublie évidemment de mentionner également que ces auteurs ont corrigé ces erreurs, citant nommément Krugman, dès le mois d'août 2010, et que les corrections ne changeaient pas fondamentalement les tendances et les conclusions. La mauvaise foi pourrait-elle être Nobélisée?

L'étude en question démontrait que les économies entraient dans une spirale de dépression dès que la dette de l'État dépassait 90% du PIB. Bien entendu, Krugman peut ergoter sur ce chiffre, et prétendre qu'il devrait plutôt être de 89,9% ou de 90,1%. Bien entendu, une multitude de facteurs peuvent affecter chaque pays de manière différente: une forte croissance dans les pays partenaires commerciaux peut contribuer à une amélioration de la situation économique et à une réduction du ration dette/PIB.


Après s'être étendu sur cette erreur statistique (et avoir ignoré les corrections des auteurs qui ne changeaient rien aux conclusions), Krugman lance sa première contre-vérité: "au commencement était la bulle". Nul keynésien n'admettra jamais que la bulle est précisément, et uniquement, le résultat de politique ... keynésiennes! Si, comme l'écrit Krugman, le "marché immobilier était en surchauffe", la seule raison n'était-elle pas que les Etats (Etats-Unis, Irlande, Espagne en particulier) avaient encouragé une spéculation dans ce secteur, en laissant les risques des banques exploser démesurément, et en refinançant l'endettement par une politique complaisante visant à laisser la masse monétaire augmenter beaucoup plus rapidement que l'économie réelle. Certains Etats ont même eu des comportements criminels, puisqu'ils ont encouragé ces prises de risque. Ils bénéficiaient d'ailleurs de ces "bulles" qu'ils créaient, sous forme de taxes diverses sur les constructions, d'impôts sur les bénéfices des sociétés, et de taxes sur les salaires.

Il est donc faux de prétendre qu'"au commencement était la bulle". En réalité, au commencement, étaient des politiques keynésiennes d'expansion monétaire sans relation avec l'économie réelle. Et, comme l'a dénoncé Hayek à plusieurs reprises, cette politique "krugmanienne" a entraîné des excédents d'investissements (un détournement de l'épargne) dans des secteurs économiques qui ne peuvent enfler que lorsque le taux d'intérêt est maintenu artificiellement en-dessous du taux d'équilibre. Des investissements à long terme (typiquement dans l'immobilier) sont donc réalisés, alors qu'ils ne le seraient pas sans expansion monétaire artificielle, ou sans taux d'intérêt maintenu artificiellement bas.

Aux Etats-Unis, où la crise a trouvé son origine, les autorités de supervision bancaire ont lamentablement failli à leur mission. Et elles ne peuvent utiliser comme excuse la politique qui leur était imposée par l'Etat de diriger une part des crédits hypothécaires vers les couches "défavorisées" de la populations, c'est-à-dire, en pratique, vers ceux qui avaient déjà fait défaut sur des crédits précédents, ou qui n'avaient aucun moyen de rembourser leurs crédits. Les banques inventèrent des artifices pour attirer ces couches "défavorisées": souvent, des taux artificiellement bas étaient proposés pendant une première période (généralement deux ans), puis, dès la troisième année, des taux plus proches du marché faisaient monter les mensualités à des niveaux que les emprunteurs ne pouvaient plus payer. Il ne faut pas s'étonner que des spéculateurs bâtirent des fortunes en misant sur l'incapacité des emprunteurs de rembourser à partir de la troisième année... Mais où étaient les superviseurs?

Les gauchistes dénonceront les spéculateurs. Jamais ils n'admettront que ceux qui ont misé contre un système aberrant instauré par l'Etat n'ont fait que dénoncer eux-mêmes une absurdité. A terme, l'explosion de la bulle a révélé l'injustice et même le caractère criminel de l'Etat. Pour contraindre les banques à financer les emprunteurs jugés "défavorisés", l'Etat américain avait été jusqu'à refinancer, et même assurer, les crédits "obligés". Lorsque la bulle a éclaté, les citoyens non-emprunteurs se sont vu sanctionner, et ponctionner, pour payer les conséquences de la folie de l'Etat. Comme toujours dans un Etat gauchiste, le résultat a été l'abaissement de tous dans la médiocrité, l'appauvrissement général, et non pas l'amélioration des conditions des couches décrétées "défavorisées" par des bureaucrates.

Il faut donc créer de toutes pièces un rôle pour l'État. Aucune bureaucratie n'a jamais créé quoi que ce soit: elle se contente de prélever aux uns pour acheter les voix des autres. C'est sans doute la raison pour laquelle, dans le calcul du PIB, les "revenus" de l'Etat sont appelés "transferts". Les impôts réduisant le pouvoir d'achat de Pierre servent à alimenter la consommation de Paul, et, surtout, les dépenses de fonctionnement de l' "appareil d'Etat", c'est-à-dire le train de vie des fonctionnaires, de leur engagement à leur mort.

Au coeur du raisonnement de Krugman se trouve la rengaine keynésienne: "Pourquoi l'austérité est [..] un problème? A cause de l'interdépendance: vos dépenses sont mon revenu, mes dépenses sont vos revenus". Mais, Mr Krugman, c'est précisément pour cette raison que la bulle de l'immobilier (ou celle de l'internet qui l'a précédé, et celle qui la suivra) qui a eu son origine dans de l'argent facile, émis par l'État, a créé des revenus artificiels. Puisque mon revenu (en admettant que je sois le bénéficiaire de cet argent artificiel) est augmenté sans aucune contrepartie supplémentaire de ma part, en cas d'émission de monnaie au-delà des besoins concrets de l'économie, ces moyens excédentaires dont je dispose deviennent eux aussi artificiels. Mes dépenses (artificielles) deviennent vos revenus (tout aussi artificiels).

Si j'acquiers une maison sans aucun financement, je ne fais que changer une forme d'actif (un compte d'épargne, un autre bien immobilier, des actions, etc...) en une autre forme. Il n'y a aucune inflation, aucune émission artificielle de monnaie, aucune crise à l'horizon. Si par contre, je finance la totalité de mon achat avec un financement bancaire (et on a vu des prêts hypothécaires consentis pour 120% de la valeur du bien!), de deux choses l'une: soit le système bancaire dans son ensemble transforme l'épargne de l'un en un prêt pour l'autre, soit la banque qui finance l'achat ne dispose pas des ressources, et obtient un refinancement de la part de la banque centrale (ou d'un faux-nez de l'État dans le cas des "sub-primes" américains). Voilà la recette des catastrophes. L'émission monétaire est dissociée de l'expansion de l'économie réelle.

Bien sûr, il est un bénéficiaire sournois et dissimulé (jusqu'à l'implosion) de cette "expansion" totalement artificielle: l'État lui-même, sous diverses formes. D'abord, dans le cas des crédits hypothécaires excessifs, sous formes de taxes diverses sur les achats (2% aux Pays-Bas, 6% en France et jusqu'à ... 14% en Belgique). Ensuite sous forme de transformation d'un investissement réel à long terme (le logement) en bénéfices à court terme pour toute une armée d'intermédiaires: notaires, maçons, plombiers, agences immobilières, promoteurs, etc...: un large éventail de profiteurs qui ne mèneraient pas le même train de vie si le système financier se contentait de transformer une épargne existante au lieu d'émettre de la monnaie artificielle.

Et la bulle explose, comme le font toujours toutes les bulles. Et lorsqu'elles explosent, deux courants d'idées s'opposent, en matière économique. Les vrais économistes, de l'école autrichienne, insistent pour que les scories de la folie expansionniste par l'émission de monnaie excédentaire soient éliminés. Le surplus de logements (dans le cas de la bulle immobilière) doit être cédé au prix qu'il aurait atteint si la bulle n'avait pas existé. En France par exemple, les prix des logements sont surévalués de 40% si on les compare à l'évolution générale des revenus, des loyers, et des prix des autres biens.

L'autre école, celle des intégristes keynésiens, ne voit aucun problème dans les bulles: il faut même continuer à souffler dedans, pour qu'elles enflent plus encore. L'un de ces moyens artificiels permettant de préserver et même gonfler les bulles existantes, est, selon Krugman, le système de "stabilisateurs économiques" (impôts et protection sociale). Dans la réalité, persister dans l'erreur d'une bulle en l'entretenant, ce n'est pas un "stabilisateur économique", mais une bombe à retardement. L'ajustement devra se faire, coûte que coûte, et le plus tôt sera le moins pénible. Retarder l'éclatement, c'est aggraver ses conséquences, et risquer non plus un simple dégonflement plus ou moins ordonné, mais une véritable explosion.

Mais Krugman ne voit, ne comprend, et ne vend, qu'une seule idée: il faut "inonder l'économie de liquidités". Si vous vous noyez parce que vous n'avez plus pied, Krugman ouvre grandes les vannes pour faire monter l'eau... Et c'est ainsi que Krugman en arrive même à faire l'éloge de la politique dévastatrice de la Réserve Fédérale, qui a "non seulement raboté les taux d'intérêt, mais est intervenue sur les marchés pour acheter tout ce qu'elle pouvait, depuis les billets de trésorerie jusqu'aux titres de créances d'État à long terme". En une seule phrase, Krugman résume la destruction criminelle de l'économie par des mesures absolument démentes, prises dans le seul but de préserver l'État et de détruire le secteur privé. Prenons-les dans l'ordre des recettes peu ragoûtantes préconisées par Krugman.

D'abord, détruire l'épargne, annihiler la différence entre un investissement rentable et une dépense destructrice de richesses. Il faut "raboter les taux d'intérêt". Que vous dépensiez aujourd'hui ou demain, que vous épargniez ou que vous dépensiez, que vous investissiez ou que vous détruisiez vos avoirs, pour Krugman et sa clique, il ne peut y avoir aucune différence. Si vous persistez à vous protéger de l'incertitude de l'avenir, il faut détruire vos protections: l'État est là, bienveillant, totalitaire, omniscient.

Ensuite, la Fed "achète" les créances. Soit Krugman ignore cette différence, pourtant élémentaire, entre un réescompte (où la banque qui gage ses actifs reste responsable du risque) et l' "achat" d'une créance par la Fed, où la banque se débarrasse également du risque crédit. La seconde formule est la voie grande ouverte à l'étatisation pure et simple du système financier, où toutes les décisions de crédit seront prises par des fonctionnaires, sur base de critères politiques, et sans aucune considération pour les mérites économiques d'un investissement.

Enfin, Krugmam se réjouit de voir la Fed "acheter" des créances d'État. Or ces créances financent des déficits courants (salaires et retraites des fonctionnaires, etc...). Il s'agit donc bien de permettre aux bureaucraties de survivre un temps encore, tout en détruisant tous les secteurs économiques qui produisent de la richesse. Mais, à terme, de quoi vivrait donc l'Etat? Bien sûr, comme le disait avec une désinvolture méprisante Keynes, le gourou de Krugman, "dans le long terme, nous serons tous morts". Effectivement: Keynes, Krugman et les adeptes de la secte keynésienne nous auront tous massacrés.

Krugman se délecte ensuite à attaquer les plans de rigueur imposés aux pays de la zone euro qui avaient profité de l'union monétaire pour faire exploser leurs dépenses publiques. Certains avaient même tout simplement trafiqué leurs comptes publics pour pénétrer, somme toute par effraction, dans un club qui ne devait, au départ, avoir que peu de membres. Mais la décision fut laissée aux politiques, et chacun connaît les conséquences de cet abandon, et en paie aujourd'hui lourdement le prix. Krugman ne s'attarde pas, bien évidemment, sur l'origine et les raisons de ce qui n'est, ni plus ni moins, qu'une escroquerie des États.

Aujourd'hui, la solution ne sera jamais keynésienne: la fuite en avant ne fera qu'aggraver la situation, détruire ce qui subsiste d'économiquement rentable dans le secteur privé, et enfler encore des États déjà monstrueusement obèses. Au début du XXème siècle, la part des dépenses publiques dans les PIB représentait à peine 10%. Et pourtant, l'Europe avait connu une croissance continue, et les investissements publics n'avaient jamais été aussi importants, ni aussi générateurs de progrès et de bien-être. En un siècle, deux guerres mondiales et des années de keynésianisme ont fait exploser la part de l'État dans le PIB: elle dépasse aujourd'hui en Europe 60% dans la plupart des pays. Et Krugman ne propose rien d'autre que de détruire les 40% de liberté qui nous reste, pour faire de l'Europe un gigantesque goulag. Keynes n'écrivait-il pas lui-même dans la préface de la version allemande de sa "Théorie Générale", publiée sous Hitler, que sa "théorie" état plus facilement applicable dans un État totalitaire. Voilà peut-être la seule vérité dans toute les divagations du maître à penser de Monsieur Krugman, Nobel de pacotille.

Pour Krugman, l' "austérité tue". Mais c'est l'austérité appliquée aux citoyens qui nous tuera. Par contre, l'austérité - enfin - appliquée aux seuls États nous sauvera.