Non à l’austérité en Wallonie! Quelle austérité ? Manifestants, indignés et autres revendicateurs se trompent de cible.

Auteur : Thib13
Date de mise en ligne : 01/03/2013


Non à l’austérité ! C’est devenu le leitmotiv, le cri de rassemblement du cortège d’indignés qui conspuent les contraintes budgétaires des états d’Europe de l’Ouest surendettés. « Nos parents et grands-parents se sont battus pour nos acquis sociaux ! Défendons-les ! », martèlent-ils en cœur. Outre le fait que les dites contraintes portent pour l’instant sur des objectifs en matière de déficit à ne pas dépasser, l’exercice est toujours dans le rouge. Nos parents et grands-parents ne nous ont-ils pas appris à tenir le budget du ménage à l’équilibre ? Vu la violence des revendications, l’on se demande le genre de slogan qui serait débité si l’équilibre pur et dur des comptes était l’objectif réel à atteindre. Bien sûr, la réponse classique abonderait dans le sens d’une augmentation des recettes de l’état et donc de l’imposition des citoyens et des sociétés. Mais se pose dès lors la problématique de l’emploi et de la relance économique, ainsi que le fait que les partisans de la massue fiscale sont généralement très peu enclins ou capables de contribuer au renflouement du déficit de leur propre poche. Le riche, c’est l’autre. C’est une chose entendue.   

Si l’on doit mesurer la part de l’état en termes de budget dans la « richesse » annuelle totale du pays mesurée via le PIB (mesure économique très relative qui intègre dans ses agrégats tant les salaires des fonctionnaires que le renouvellement des biens de production ou de consommation amortis ou détruits), on arrive à un ratio de l’ordre de 53% pour la Belgique. C’est dire si notre économie est ultra-turbo-super-méga-libérale ! A la lumière de ce constat et au regard du paragraphe précédent, on perçoit aisément le sens de l’hyperbole et de la diabolisation propre aux factions pro-étatistes. Tout au plus, serait-il correct de parler d’économie mixte au sujet de la société belge, à savoir une économie où les facteurs de production tantôt privés tantôt publics caractérisent le régime socio-économique du pays. Comme le disait l’immense économiste Ludwig von Mises, la dynamique de l’action humaine sous l’effet du venin étatique est telle que « l’économie mixte est avant tout l’installation du socialisme par étapes ». Aucun secteur n’est épargné. Tout échec est mis sur le dos du libéralisme, du capitalisme et du libre marché. Aucun avis objectif n’est émis sur les éventuelles déficiences et responsabilités du secteur public. L’axe du mal et celui du bien sont sans équivoque possible : le socialisme (propriété publique des moyens de production), c’est le bien. Le libéralisme (propriété privée des moyens de production), c’est le mal. L’ajustement visuel de la grille de lecture pro-étatique n’est pas un verre correcteur mais un prisme déformant.

Comment dès lors ne pas s’étonner que l’emploi dans la fonction publique a dérapé (selon les récents propos de Luc Coene, gouverneur de la Banque Nationale de Belgique), voire explosé sur les 15 dernières années, pour atteindre une proportion stratosphérique de près de 50% des actifs en Wallonie, sans compter les pensionnés, chômeurs,  mutualisés, emplois subventionnés et autres titres-services. En fait, le calcul nous pousse plutôt dans le ratio 1:3, à savoir 1 actif productif (secteur privé) pour 3 personnes à charge (secteur public ou assimilé).

Pour mémoire, les salaires des fonctionnaires ne sont pas payés ex nihilo. Ils viennent des ponctions fiscales sur le secteur privé et ce qu'il reste de la libre entreprise. Le propre salaire du fonctionnaire, raboté d’un pseudo-impôt et de pseudo-contributions sociales,  n’est en fait qu’un jeu d’écritures comptables fictives tendant à mystifier la spoliation fiscale et la coercition de l’état derrière ce paiement de transfert. Un fonctionnaire ne paie pas d’impôts. Il reçoit une allocation prélevée sur les forces productives du pays, sans que ces dernières aient pu individuellement donner leur consentement par écrit à cette fin.

Dès lors que les fonctions régaliennes de l’état sont assurées, telles que la justice, la police, l’armée, l’enseignement et le service social de base aux individus, quel besoin y a-t-il de verser dans la surenchère en matière de fonction publique, d’engraisser la bête en ponctionnant à tous les niveaux, de créer des doublons de doublons avec tous les placements politiques, copinages, réseaux d’influence et la corruption que cela suppose ? Qu’y a-t-il d’étonnant à ce que les reliquats moribonds d’entreprises privées versent dès lors dans le nauséabond capitalisme de copinage pour assurer leur survie ?

Suivant le rapport de l’Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS) de décembre 2012, l’emploi intérieur wallon comprenant la fonction publique et assimilée représentait 49.55% (!!!) de la population active occupée (entre 15 et 64 ans) au 31/10/2010. Source : ICN, Comptes régionaux 2005-2010, BNB, mars 2012, calculs IWEPS. Cette situation n’est tout simplement pas tenable au vu du coût exorbitant du travail en Belgique. Il n’y a aucune raison de s’enorgueillir du bon maintien de l’emploi wallon en période de crise quand ce dernier se fait via la fonction publique dont les éléments sont indéboulonnables. La Wallonie poursuit son dangereux mouvement de collectivisation  de l’économie, ce qui aura pour résultante d’élever encore le coût du travail, engendrer le chômage, évincer le secteur privé et, à terme, provoquer la faillite de l’économie locale. A ce stade, il faut aussi tenir compte de la paralysie croissante des agents économiques sous le poids titanesque des lois, règlements, circulaires et autres chinoiseries administratives. On le voit à nouveau, les revendications contre l’austérité manquent de discernement : ne touchons pas aux allocations en l’état actuel des choses mais réformons la fonction publique. « Ce n’est pas la gauche contre la droite, c’est l’individu contre l’état », dixit Ludwig von Mises.

Le fait d’opérer un mouvement de retour vers une véritable économie de marché caractérisée par la propriété privée des moyens de production et une fiscalité sur le travail légère doit se concevoir comme une période de transition où les ponctions et redistributions sociales seront modifiées en dernier lieu, après le dégraissage du mastodonte étatique. Ainsi, le pouvoir d’achat des gens ne subira pas d’électrochoc dès les premiers changements. Que du contraire, l’effet positif de l’allègement des prélèvements fiscaux et la levée des barrières administratives dans l’exercice d’une profession ou la création d’une entreprise auront pour résultante de tirer les revenus et le pouvoir d’achat à la hausse, en plus d’attirer des capitaux étrangers. La croissance du capital et l’augmentation subséquente des gains de productivité combinées à une baisse drastique de la fiscalité sur le travail tireront aussi les salaires à la hausse dans un cercle vertueux. On n’a jamais engendré une économie prospère par l’accroissement de la fonction publique, le poids de l’état et la destruction du capital. Ceci s’est toujours traduit par une libération des forces vives, productrices et dynamiques de l’économie, à savoir les individus dans le plein exercice de leur action humaine sans entraves, rétablissant ainsi la coopération sociale et une paix durable. Arrêtons de fustiger l’économie de marché, le libéralisme et le capitalisme dans l’exercice et le respect des droits naturels de chacun. Si notre époque semble caractérisée par une totale libération sexuelle, pourquoi brimer la liberté économique individuelle ?